France-mariage forcé: Trois frères tentent d'unir leur soeur de force

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France-mariage forcéTrois frères tentent d'unir leur soeur de force

En France, trois Tunisiens risquent d'être condamnés pour avoir kidnappé leur propre soeur pour la marier de force.

Une peine de six mois de prison avec sursis a été requise mardi à l'encontre de trois frères originaires de Tunisie et habitant en banlieue de Lyon, dans le centre de la France, accusés d'avoir enlevé leur soeur de 18 ans et soupçonnés d'avoir voulu la marier de force.

La procureur Anne Lacombe a demandé au tribunal correctionnel de Lyon cette peine «significative, dissuasive et protectrice», assortie d'une mise à l'épreuve durant deux ans avec interdiction d'entrer en contact avec la jeune fille, Mouna, ainsi que sa soeur de 21 ans, Safa, qui a déjà subi un mariage forcé en 2010.

La magistrate a de façon virulente dénoncé les actes de ces trois frères de 19, 25 et 26 ans, «bras armés du père, de la famille au sens élargi, de la tradition».

De «bons frères»

A la barre, Salaheddine, Badreddine et Hassein, qui comparaissaient libres sous contrôle judiciaire, ont d'une seule voix expliqué avoir voulu pour une fête religieuse ramener à ses parents Mouna, qui ne donnait plus de nouvelles. Elle avait quitté le domicile familial en banlieue de Lyon trois mois auparavant pour habiter chez Safa, dans une ville voisine.

Leur choix était ou bien d'«être un bon frère en respectant le désir d'indépendance» de Mouna, «ou d'être un bon fils en faisant plaisir aux parents», qui leur faisaient subir «une pression morale permanente», a fait valoir une de leurs avocates, Me Ingrid Poulet.

Mouna, qui se rendait à son travail, avait été contrainte par ses aînés de monter dans la voiture paternelle qu'ils conduisaient. La jeune femme s'était débattue et plusieurs témoins avaient alerté les secours.

«On l'a un peu poussée», a admis Salaheddine, alors qu'elle a déclaré avoir reçu un coup de poing et a eu un jour d'interruption temporaire de travail (ITT).

Grâce à la plaque d'immatriculation, la police la retrouvait une heure et quarante minutes après chez ses parents. Elle expliquait aux enquêteurs avoir voulu échapper à un mariage forcé en Tunisie.

Les deux victimes, terrorisées, ne sont pas venues témoigner devant le tribunal.

La famille, arrivée en France en 1994, compte dix enfants dont quatre filles. Aucun des garçons prévenus n'a d'antécédent judiciaire et les trois ont une activité professionnelle.

Le jugement devait être rendu dans la soirée.

(afp)

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