SantéTrop de traitements superflus en Suisse?
Le nouveau président de l'Académie des sciences médicales, Daniel Scheidegger, plaide pour plus de retenue de la part des médecins.

Les médecins font des choses pour des motifs économiques dont il n'y aurait pas du tout besoin, selon le président de l'ASSM.
Les médecins préconisent trop souvent des traitements et des examens inutiles en Suisse, estime Daniel Scheidegger. Le nouveau président de l'Académie des sciences médicales (ASSM) plaide pour davantage de retenue.
«Nous, médecins, faisons des choses pour des motifs économiques dont il n'y aurait pas du tout besoin», estime le Bâlois dans une interview publiée mercredi dans le Tages-Anzeiger. Selon M. Scheidegger, on ne pourra au bout d'un moment plus les réaliser. La médecine en Suisse doit devenir plus durable. Elle doit être pratiquée par rapport au personnel et à l'argent disponibles. Daniel Scheidegger explique qu'«un traitement doit avant tout apporter quelque chose aux patients». Il doit idéalement améliorer la qualité de vie des individus.
Le président de l'ASSM préférerait lui-même jouer encore quelques mois avec ses petits-enfants plutôt que de subir une lourde intervention chirurgicale lors de laquelle il pourrait mourir en soins intensifs. Et la population pense de manière similaire.
«Nous nous en rendons compte en observant la grande progression des organisations d'assistance au suicide comme Exit», dit-il. De nombreux patients ne souhaitent pas à tout prix bénéficier de thérapies.
Davantage de renoncement
C'est aux médecins de discuter pour savoir si un traitement est nécessaire et dans l'intérêt du patient. Aborder la question des complications et de leurs fréquences devrait aussi aller de soi, estime l'ancien médecin-chef.
Malheureusement, l'incitation dans le système de santé suisse est aujourd'hui telle qu'un médecin gagne davantage lorsqu'il pratique une endoscopie du genou que lorsqu'il renvoie le patient à la maison. C'est pourquoi rejeter la faute des coûts croissants de la santé sur les patients est plus avantageux.
«J'aimerais enrayer l'impression que les médecins n'agissent pas de manière éthique», espère M. Scheidegger. La pression économique est devenue très importante. Travailler selon les incitations est humain, c'est pourquoi Daniel Scheidegger demande «davantage de renoncement» de la part de la branche. (nxp/ats)