Vaud: Trop risqué de libérer une harceleuse durant la crise

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VaudTrop risqué de libérer une harceleuse durant la crise

Les autorités ont refusé de relâcher une femme emprisonnée pour avoir harcelé les urgences, par peur qu’elle récidive durant la pandémie.

par
Christian Humbert
Selon les médecins, la femme souffre «d'un sévère trouble mixte de la personnalité et une dépendance aux sédatifs.»

Selon les médecins, la femme souffre «d'un sévère trouble mixte de la personnalité et une dépendance aux sédatifs.»

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Cette fois, la justice en a eu assez. Une femme est en prison depuis fin février pour des appels intempestifs. Malgré des plaintes, une enquête pénale depuis avril 2019 et les menaces très explicites du Tribunal civil de Lausanne, elle n’a cessé de harceler les standards téléphoniques des services de santé et d’intervention vaudois. Il n’est pas question de centaines, mais de milliers d’appels.

Pas moins de 600 appels en 24 heures

Tout semble avoir démarré en avril 2018: elle a composé le numéro des urgences psychiatriques du CHUV des centaines de fois quotidiennement. Dans sa plainte, le CHUV a noté à titre d'exemple cinquante appels à la réception de la consultation de Chauderon...et dans le même temps 150 téléphones aux urgences. Et ce pour la seule journée du 26 février 2019. Son numéro étant répertorié, elle le masquait, ou en changeait lorsqu'il était bloqué. L'établissement a tenté de lui faire entendre raison par des entretiens. Son comportement n'a pas changé. Au contraire, puisque le standard a enregistré 600 appels entre les 15 et 16 juin 2019, ou encore 350 entre les 26 et 27 octobre 2019. La police de Lausanne n'a pas été oublié : elle a comptabilisé 1783 appels entre le 3 décembre et le 10 février derniers. Les standards des polices de l'Est et de l'Ouest lausannois ont
aussi été submergés.

Risque de récidive élevé

Entendue par un procureur en mai 2019, la prévenue a reconnu «faire beaucoup d'appels» et expliqué «souffrir d'angoisse maladive.» Elle n'a jamais pensé que ses téléphones «pouvaient saturer les lignes des urgences.» Une fois détenue, elle a demandé à être libérée le 24 mars. Or, la pandémie de coronavirus s’était entre-temps abattue sur le monde. Pas question d’avoir à nouveau des milliers d’appels inutiles en pleine pandémie, d’autant moins même qu’une expertise a conclu à un risque élevé de récidive. Enfin, une hospitalisation est déconseillée dans son cas, vu des précédents désastreux. Une nouvelle demande, en avril, s’est heurtée au même refus. La prévenue devrait rester enfermée au moins jusqu’au 28 juin. Son avocate n’a pas réagi à notre appel.

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