Suisse: UBS s'inquiète de l'intégration des seniors

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SuisseUBS s'inquiète de l'intégration des seniors

Si la proportion des plus de 55 ans en activité a augmenté depuis 1991, le taux de chômage frappant cette catégorie de la population a plus que triplé.

La réintégration des quinquagénaires et classes d'âge supérieur s'avère nettement plus difficile.

La réintégration des quinquagénaires et classes d'âge supérieur s'avère nettement plus difficile.

Keystone

UBS maintient inchangées ses prévisions conjoncturelles pour la Suisse, mais attend un second semestre 2017 solide. A plus long terme, la grande banque s'inquiète de l'intégration des employés âgés sur le marché de l'emploi.

Comme au printemps, le numéro un bancaire helvétique prévoit une progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,4% cette année, indique le dernier Outlook Suisse présenté jeudi à Zurich. Pour 2018, il mise toujours sur un taux de croissance à 1,6%.

Les grandes économies mondiales ont nettement gagné en dynamique. Le moral des entrepreneurs helvétiques connaît lui aussi une embellie depuis le début de l'année, même si celle-ci s'est à peine reflétée dans la croissance au 1er trimestre ( 0,3% par rapport au précédent).

Second semestre robuste

Malgré ce démarrage en douceur, UBS attend un second semestre robuste. La donne a changé: l'issue des élections françaises a réduit l'incertitude politique et partant, la pression sur le franc. Et la Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer en septembre la fin de sa politique accommodante l'an prochain, répète la banque.

Les exportations helvétiques profitent de la demande européenne, tandis que l'économie domestique affichera une discrète dynamique. Le chômage devrait diminuer de 3,3% à fin 2016 à 3,2% en fin d'année. Toutefois, le tour de vis attendu de la BCE devrait affaiblir la conjoncture de la zone euro.

En compensation, il aura aussi pour conséquence un franc plus faible vis-à-vis de l'euro, ce qui va soutenir le renchérissement en Suisse. Au cours des 5 premiers mois de l'année, l'inflation a crû en moyenne de 0,5%. Elle devrait s'inscrire à 0,4% cette année, puis s'accélérer à 0,9% en 2018.

Génération d'argent

A plus long terme, c'est la disponibilité de la main-d'oeuvre sur le marché de l'emploi helvétique qui inquiète UBS. Au cours des 10 prochaines années, environ 1,1 million de personnes atteindront l'âge de 65 ans, soit quelque 690'000 actifs qui quitteront le marché du travail.

La proportion des plus de 55 ans en activité en Suisse a augmenté depuis 1991 de presque 10 points de pourcentage pour atteindre 74,3% en 2016. Au sein des pays industrialisés, seules l'Islande, la Suède, la Nouvelle-Zélande et la Norvège font mieux, souligne l'économiste d'UBS Veronica Weisser.

Dans le même temps, le taux de chômage des 55-64 ans est passé de 0,8 à 2,7% en 2016 selon le Secrétariat d'État à l'économie (SECO), soit quelque 29'000 personnes. L'abandon du taux plancher début 2015 a fait remonter le chômage en Suisse, y compris parmi ce groupe. Si le risque de licenciement reste moins élevé pour la «génération d'argent» (50 ans et plus), leur réintégration s'avère nettement plus difficile.

Pénurie de main-d'oeuvre

Au vu de l'évolution démographique, il manquera d'ici dix ans près d'un demi-million d'actifs sur le marché du travail helvétique, selon le scénario de la banque. Avec des conséquences non seulement pour l'AVS, mais aussi pour certains secteurs d'activité, où la pénurie de main-d'oeuvre va s'aggraver.

L'immigration ne résout pas le problème, affirme Veronica Weisser. Et la reprise économique en Europe et la mise en oeuvre de l'initiative contre l'immigration de masse devraient freiner l'arrivée d'étrangers.

Avec une immigration réduite de moitié par rapport à la moyenne de la décennie passée, la pénurie devrait atteindre 460'000 équivalents plein temps (EFT), dans l'hypothèse d'UBS. En supposant que l'immigration nette se maintienne au niveau moyen des derniers dix ans, soit 75'000 personnes par an, le manque se réduirait à 220'000 EFT.

Prolonger la vie active

Politiquement, le recul de l'âge de la retraite ne passerait «que lorsque la situation difficile des institutions sociales et la pénurie de main-d'oeuvre spécialisée s'aggraveront de manière sensible», écrit UBS. En attendant, le groupe prône des modèles flexibles et innovants en faveur des salariés âgés, surtout parmi les petites et moyennes entreprises (PME).

Réduction progressive du temps de travail, partage de poste à temps partiel entre un collaborateur âgé et un plus jeune, contrats flexibles, délais de préavis augmentés et prolongation de la vie active au-delà de 65 ans comptent parmi les mesures évoquées.

Les grands groupes, eux, ont un retard à rattraper, admettent les économistes d'UBS. La banque aux trois clés quant à elle mise sur la formation continue. Elle voit une option dans l'intégration de la formation au système de rémunération, en lieu et place par exemple d'augmentations salariales ou de bonus. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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