Dépenses marketing en hausseUn assureur maladie fait sa pub sur Tinder
Les primes sont utilisées notamment pour les dépenses marketing des assureurs. Les budgets sont en hausse mais la proportion des coûts totaux stagne.

Un «swipe» à gauche, un à droite, les profils sur Tinder défilent et tout à coup, stupeur: ni un homme ou une femme en recherche de l’amour ou d’un plan cul qui est proposé, mais une pub pour l’assureur maladie Sympany. Depuis quelques semaines, des Suisses voient surgir, sur l’app de rencontres, un concours pour gagner un bon de 500 francs. «Rendez-vous galant ou flirt à Paris? Sympany met en jeu les deux», dit le texte d’une des versions de la réclame. On clique, on remplit ses coordonnées pour participer et on autorise ainsi l’assureur à nous contacter «à des fins marketing».
Sympany n’a pas répondu à notre sollicitation pour expliquer pourquoi elle a choisi Tinder comme canal. Les derniers chiffres compilés par l’OFSP montrent toutefois que Sympany n’y va pas de main morte avec le marketing. Son budget est passé de 1,4 million de francs en 2020 à 2,3 millions en 2021. Si on y ajoute le budget pour les commissions, on arrive à 0,46% des dépenses totales par rapport aux primes encaissées. C’est un peu plus que la moyenne de tous les assureurs confondus (0,34%).
De l’ordre du «pour mille»
Les campagnes pub des assureurs font toujours réagir. D’autres payeurs de primes auront remarqué celle de la CSS, avec affiches dans les rues et spots publicitaires à la TV, sans sons ni paroles. «Tiens, le son de la télé a été coupé? Ah, non, c’est juste la pub de CSS», doit être une réaction courante dernièrement pour les téléspectateurs suisses. Le conseiller communal socialiste lausannois Benoît Gaillard avait raillé sur Twitter une affiche de la CSS qui demandait «Perds-tu ton temps lorsque tu attends?» vue en gare de Lausanne, en la détournant: «Perds-tu ton argent lorsque tes primes financent cette publicité?» «Les frais publicitaires ont très peu d’influence sur le montant des primes et sont de l’ordre du «pour mille» de nos coûts», lui avait répondu l’assurance.
Des millions en sursis
Au total, selon l’OFSP, le budget publicité des assureurs s’est monté à 62 millions de francs en 2021. En chiffres absolus, la tendance est à la hausse. En pourcentage des primes, elle est stable. Une tentative d’interdire la publicité des assureurs a été déposée en décembre au Parlement par le conseiller national Baptiste Hurni (PS/NE), qui juge «consternant» le «matraquage publicitaire». Des propositions similaires ont déjà été rejetées par le passé. Jeudi, c’est une autre proposition liée aux dépenses des assurances qui est sur la table au Conseil national. Les élus doivent voter pour limiter le salaire des dirigeants à maximum 250’000 francs par an.