PakistanUn attentat contre les chiites fait 20 victimes
Au moins 20 personnes ont été tuées dimanche dans le nord du Pakistan dans un attentat suicide visant, à la porte d'une mosquée, un rassemblement religieux de la minorité chiite, régulièrement la cible d'attaques d'extrémistes sunnites, a-t-on appris auprès de la police.
«Il y avait un rassemblement de chiites, et un kamikaze a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui devant la porte de la mosquée», dans la ville de Chakwal, à une soixantaine de km au sud d'Islamabad, a déclaré à l'AFP Chaudhry Zulfiqar, un officier de police de la région.
«Au moins 20 personnes ont été tuées et une centaine blessées», a déclaré à l'AFP Rana Sanaullah, le ministre de la justice de la province du Pendjab, où se trouve Chakwal. «Le kamikaze a été intercepté à l'entrée de la mosquée, faute de quoi le bilan aurait été beaucoup plus lourd», a-t-il ajouté.
«Nos hommes qui surveillaient l'entrée ont essayé d'empêcher l'assaillant d'entrer dans la mosquée, où environ 1200 personnes assistaient à un majlis», un rassemblement religieux chiite, a précisé M. Zulfiqar.
Le Pakistan est en proie, depuis plus d'un an et demi, à une vague sans précédent d'attentats, suicide pour la grande majorité, perpétrés par des talibans pakistanais proches d'Al-Qaïda, qui reprochent à Islamabad de s'être alliée dès fin 2001 aux Etats-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme».
Ces attentats ont fait plus de 1700 morts en un an et demi.
Une petite partie de ces attaques vise la communauté chiite, qui représente moins de 20% des quelque 168 millions d'habitants de la République islamique du Pakistan, et sont perpétrées essentiellement par des groupes armés d'extrémistes sunnites, proches ou liés aux talibans sunnites.
Même si elle connaît un regain de violence ces derniers mois, la rivalité sanglante entre sunnites et chiites au Pakistan est bien antérieure à la nouvelle vague d'attentats: depuis 1980, environ 4000 personnes ont été tuées dans des violences religieuses entre les deux communautés, pour l'immense majorité des chiites.
Cette nouvelle attaque intervient au lendemain d'un attentat suicide qui visait les forces de sécurité en plein coeur de la capitale Islamabad. Un kamikaze y a fait exploser sa bombe dans un camp de soldats chargés de la sécurité des zones sensibles de la ville, tuant huit d'entre eux.
Les talibans pakistanais, dont le principal mouvement a fait allégeance à Al-Qaïda, avaient promis de venger, jusque dans la capitale, les personnes tuées dans les tirs de missiles américains dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, et considérées par Washington comme le principal bastion d'Al-Qaïda et de ses alliés talibans afghans.
Le président Barack Obama, qui a promis au Pakistan une aide militaire et financière accrue pour endiguer la progression des islamistes dans la seule puissance militaire nucléaire du monde musulman, a défini la zone frontalière entre Pakistan et Afghanistan comme le «front central» de la guerre contre Al-Qaïda et les talibans.
(afp)