Vauderens (FR)«Un chien pourrait être mieux traité en Suisse»
Un amputé vient de gagner son combat contre la SUVA. L'assurance refusait de prendre en charge une prothèse de jambe adaptée.
- par
- Joël Espi/reg
«Nous avons pleuré deux heures après avoir appris la décision du tribunal.» Engagée aux côtés de son mari pour qu'il puisse bénéficier d'une prothèse à microprocesseurs, Sophie Vouilloz est soulagée, même si tout n'est pas encore réglé. Le 11 novembre, le Tribunal cantonal a contraint la SUVA à prendre en charge les 40'000 fr. que coûte la jambe artificielle.
La vie de Gérald Vouilloz, 50 ans, a basculé en 2001. Circulant à moto, il a été percuté à Henniez (VD) par un automobiliste fautif. Victime de 128 fractures, l'homme a eu la jambe arrachée. Il a aussi perdu l'usage de son bras gauche, qui n'effectue plus le rôle de balancier lorsqu'il marche avec sa prothèse mécanique. «Avec elle, je dois faire attention à tout, déplore-t-il. Un simple mégot de cigarette ou un petit caillou peut me faire tomber.
«Dignité humaine»
Tandis qu'avec celle à microprocesseurs, que j'ai pu essayer durant onze mois, je verrais enfin le bout du tunnel. Je pourrais même essayer de retravailler à 20%.» «La SUVA a seulement cherché à faire des économies, note son avocat, Me Jean-Michel Duc. Mais on parle ici avant tout de dignité humaine. Un chien pourrait être mieux traité en Suisse.» L'assurance a jusqu'au 10 décembre pour recourir. «Ce serait vraiment cynique», juge l'homme de loi.
Pour enfin obtenir une prothèse convenable, Gérald Vouilloz cherche maintenant un sponsor qui avancerait la somme nécessaire. Qu'il s'engage à rembourser avec intérêts.