GenèveDorloté, un cygne regagne le lac après un accident de bus
Cette année, huit volatiles ont déjà percuté des câbles TPG. Des étiquettes réfléchissantes posées sur les fils électriques pourraient changer la donne.
- par
- David Ramseyer
Après un court trajet sur le toit d’un bus et des soins, un cygne a retrouvé la Rade. L’animal s’était blessé vendredi passé: il avait embouti des câbles et atterri sur un véhicule des Transports publics genevois (TPG). Soigné au Centre ornithologique de réadaptation (COR) à Genthod (GE), il a retrouvé mercredi son milieu naturel (cf. vidéo ci-dessus). La mésaventure du volatile n’est de loin pas une première.
Des dizaines de cas
«Depuis 2016, on compte une cinquantaine de cygnes blessés après avoir percuté des fils électriques TPG – principalement à Bel-Air – dont huit depuis le début de l’année», rappelle Fanny Gonzalez, biologiste au centre.
La Rade et le Rhône constituent une zone protégée et un lieu de passage pour eux. Seulement voilà, le peu d’espace entre les flots et les ponts leur fait peur, décrypte Patrick Jacot, président du COR: «Ils préfèrent donc survoler les ouvrages plutôt que passer dessous.» Sauf que le majestueux roi blanc du Léman n’a pas l’agilité d’une hirondelle. «Il pèse plus de 10 kg, son envergure est grande et il lui faut de la distance pour prendre son envol, décrit Fanny Gonzalez. Il voit donc les câbles au dernier moment.» C’est aussi le cas pour d’autres volatiles, notamment par temps de brouillard.
Drone à la rescousse
Le Centre ornithologique plaide pour une solution qu’il juge prometteuse. Il l’a présentée aux autorités cantonales (cf. encadré ci-dessous). En résumé, via un drone ou une nacelle, on dépose sur les câbles des étiquettes phosphorescentes et colorées que les cygnes et autres canards peuvent voir de loin. «Une fois installées, elles bougent au vent et réfléchissent le soleil, l’éclairage public, les lumières du trafic ou des bâtiments, liste Patrick Jacot. Bref, cela fonctionne nuit et jour. Les oiseaux peuvent ainsi repérer les câbles sur leur trajectoire.»
Selon le COR, ce type de structure légère a déjà fait ses preuves dans les Alpes françaises, où les hiboux grand-duc, par exemple, avaient tendance à percuter les câblages d’installations de ski. Le projet pourrait intéresser les stations valaisannes ou vaudoises, espère l’entreprise qui propose le dispositif. Pour le site de Bel-Air, le système est budgété à quelques dizaines de milliers de francs.
Autorités plutôt favorables
Les TPG confirment qu’un premier contact a été établi et que le projet est à l’étude. «Il s’agit à la fois de préserver la santé des cygnes et assurer la bonne marche de notre réseau», explique François Mutter, porte-parole. Car un choc avec un cygne peut avoir des conséquences importantes: «Selon les cas, cela pourrait nous obliger à couper l’électricité à Bel-Air, qui est un centre névralgique des TPG.» Inspecteur cantonal de la faune, Gottlieb Dändliker soutient également la démarche du COR. «Il faudra passer par une phase de test, notamment sur le site de Bel-Air, le plus accidentogène en la matière; ensuite, on verra bien. Cela s’inscrit dans une volonté générale de limiter les pièges du bâti pour les animaux.»