GenèveUn drone s'écrase au centre-ville
Le pilote d'un engin volant télécommandé a perdu la maîtrise de son aéronef, dimanche après-midi, près de la plaine de Plainpalais. Le drone n'avait pas l'autorisation de voler à cet endroit.
- par
- tpi

Le crash a eu lieu sur l'avenue Henri-Dunant.
Arrivé de nulle part, il est tombé du ciel. Dimanche, en fin d'après-midi, un drone d'environ un mètre de diamètre s'est écrasé avec fracas sur l'avenue Henri-Dunant, tout près de la plaine de Plainpalais qui accueille actuellement le cirque Knie. Une voiture a réussi à éviter l'engin de justesse avant qu'il ne s'écrase. Par chance, personne n'a été blessé dans la mésaventure. Par contre, pas de miracle pour l'objet volant, il a été pulvérisé en plusieurs dizaines de morceaux. «On trouve ça super quand on voit les images de Genève vue d'en-haut, mais là on se rend compte aussi que ce genre de vols comporte une part de risque», souffle Miguel Limpo. L'ancien député écologiste a été témoin du crash. Il a vu deux hommes, penauds, récupérer les restes de leur machine.
L'incident intervient un mois à peine après que l'Office fédéral de l'aviation civil (OFAC) a durci sa réglementation en matière de drones. Depuis le premier août, il faut une autorisation spécifique pour survoler une foule. En parallèle, les autres directives sont maintenues. Elles stipulent notamment que tout vol effectué à moins de 5 km d'un aéroport doit être signalé et obligent un pilote à conclure une assurance responsabilité civile d'une somme d'un million de francs au moins pour tout appareil pesant plus de 500 g. La police cantonale genevoise précise qu'aucune demande d'autorisation de survol de la zone en question n'avait été déposée pour la journée de dimanche. Les gendarmes comptent «se renseigner» sur cet incident. «Le pilote est passible d'une amende pouvant aller de quelques centaines de francs à 20'000fr.», rappelle-t-on à l'OFAC. Si un blessé est à déplorer, «une procédure pénale administrative va être ouverte par un juge, tout comme lors d'un accident de voiture».
Pilote professionnel et réalisateur chez Swiss AeroProd, Marc Wagner dénonce le manque de responsabilité du pilote concerné. «Les gens ne se rendent pas compte que c'est un outil qui, mal utilisé, peut être dangereux», martèle-t-il. Il milite pour la mise en place d'un cadre légal plus strict, voire d'un brevet de pilote spécifique, alors que 20 à 22'000 modèles réduits survolent régulièrement la Suisse. «Le pilotage de drone reste un hobby pour la majorité des gens, c'est pour cette raison que la législation n'est pas trop contraignante et que nous n'envisageons pas, pour le moment, d'instaurer un permis ou d'obliger les propriétaires à immatriculer leur engin», répond la porte-parole de l'OFAC, Martine Reymond.
Reste qu'à Genève, l'Académie suisse de sécurité vient de lancer une formation spécifique pour opérateurs de drone. Le module de base de 34 heures veut justement sensibiliser les pilotes au cadre légal et à les responsabiliser dans l'exploitation de leur machine. «Nous souhaitons former les opérateurs de drone sur la théorie de l'aéronautique et surtout beaucoup de pratique de pilotage en manuel, explique son directeur Patrick Carruzzo. Mais nous en sommes encore au balbutiement. A notre connaissance, nous sommes les seuls à offrir pareil cursus en Suisse avec des professionnels du domaine (instructrice au bénéfice d'un brevet de pilote de ligne et un instructeur directeur de la société Swissaeroprod et initiateur de l'association Suisse des professionnels de drone civil). Aucun contact n'a encore été pris avec l'OFAC pour le moment.»