Bélarus Un ex-diplomate en Suisse rejoint les rangs de la contestation
Un diplomate du Bélarus, en poste à Berne jusqu'en juin dernier, a appelé au départ du président Alexandre Loukachenko dans une prise de position publiée dimanche.

L'ancien diplomate qui appelle au départ du président Alexandre Loukachenko reconnaît avoir peur.
L'ancien chargé d'affaires à l'ambassade du Bélarus en Suisse a rejoint les rangs de la contestation contre Alexandre Loukachenko. Estimant qu'il n'est «plus temps de se taire», il juge «inacceptable que le président soit prêt à employer tous les moyens pour conserver le pouvoir».
M. Loukachenko «a ignoré la population, il a réprimé très violemment les manifestants et il y a même eu des morts. A mes yeux, aucun poste ne doit coûter une vie», affirme Pavel Matsukevich dans une interview publiée lundi sur le site du quotidien Le Temps.
Le journal révèle que le diplomate, en poste à Berne de 2016 jusqu'en juin dernier, a publié dimanche sur Facebook une prise de position dans laquelle il qualifie le président de «menace pour la sécurité nationale». Et qu'il conclut par «Loukachenko doit partir».
«Nous avons toujours été fiers de vivre en paix, de faire cohabiter différentes confessions et de régler nos différends par des moyens pacifiques», explique-t-il dans l'interview. «Or nous voyons à présent la violence dans nos rues, les morts, les disparus, les détenus. Le président se dit aussi prêt à demander de l’aide à l’étranger», ajoute-t-il, en référence au soutien demandé ce week-end à la Russie.
Refus de toute ingérence
M. Matsukevich se dit «opposé à toute ingérence», que ce soit de la part de Moscou, mais également de l'Union européenne, de la Pologne ou de l'Ukraine. «Si l’Union européenne impose des sanctions, c’est la population qui en souffrira» et «tous les progrès que nous avons faits (...) auront été en vain», explique-t-il.
L'ancien diplomate reconnaît avoir peur. «Je suis un être humain normal (...) Mais il n’est plus temps de se taire. Nous sommes arrivés à un moment où il faut prendre une décision d’ordre moral», affirme-t-il. Il se dit «fier» de ses concitoyens qui, «malgré la peur, descendent dans les rues pacifiquement, tout en sachant que la menace de violence existe».
Interrogé sur le risque d'un recours à la force, M. Matsukevich estime que «tout est possible». «Mais, ajoute-t-il, comment réprimer lorsque près de 100'000 personnes manifestent, comme ce dimanche? Je ne peux pas imaginer qu’on tire sur tant de gens.»