«Calvaire de Shaïna»: Un ex-petit ami de l’adolescente brûlée vive comparaît pour «assassinat»

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«Calvaire de Shaïna»Un ex-petit ami de l’adolescente brûlée vive comparaît pour «assassinat»

Dernier acte de la tragédie: lundi va s’ouvrir le procès d’un jeune homme accusé d’avoir assassiné et brûlé vive Shaïna, 15 ans, probablement enceinte de lui.

Le procès se tiendra du 5 au 9 juin 2023 devant la cour des assises des mineurs de l'Oise (image d’illustration).

Le procès se tiendra du 5 au 9 juin 2023 devant la cour des assises des mineurs de l'Oise (image d’illustration).

AFP

Un jeune homme est accusé d’avoir assassiné et brûlé vive en 2019 Shaïna, probablement enceinte de lui et victime à Creil d’une «réputation de fille facile» depuis des agressions sexuelles. Soupçonné de l’avoir attirée dans le cabanon d’un jardin ouvrier pour la poignarder puis brûler son corps, l’accusé, 17 ans à l’époque, comparaît lundi devant la cour d’assises des mineurs de l’Oise, très probablement à huis clos. Il a toujours contesté son implication. Son avocat n’a pas souhaité s’exprimer avant l’audience.

Deux ans plus tôt, Shaïna avait été victime d’agressions sexuelles, pour lesquelles quatre autres jeunes ont été condamnés jeudi en appel à des peines allant de six mois à deux ans de prison avec sursis. L’histoire de Shaïna «n’est pas celle d’un malade qui lui tombe dessus. C’est le point culminant d’un long calvaire», enclenché par cette première affaire, développe l’avocate de la famille, Me Negar Haeri.

Violentée dans une clinique désaffectée où son petit ami d’alors l’avait entraînée, Shaïna avait été filmée par ses agresseurs tentant de cacher son sexe sous les injures. Des images diffusées sur Snapchat, l’exposant, selon Me Haeri à un «dénigrement grandissant».

Test de grossesse

Le 27 octobre 2019, son corps est découvert presque entièrement calciné par les policiers, guidés par une rumeur. Les expertises médico-légales révèleront de «multiples plaies» à l’arme blanche, notamment au ventre, mais aussi de la suie dans les poumons, montrant qu’elle respirait encore au début de l’incendie.

L’avant-veille, Shaïna était sortie après un dîner familial, pour ne plus jamais revenir. Dans son sac à main, ses proches retrouvent un test de grossesse positif. Selon diverses expertises, l’adolescente, qui avait fait l’objet d’une IVG quelques mois plus tôt, entamait très probablement une nouvelle grossesse. D’après l’enquête, elle en était au moins persuadée et attribuait la paternité à l’accusé, avec qui elle entretenait une liaison.

Deux appels anonymes, puis un témoignage clé, ont vite orienté l’enquête vers lui. Un ami du suspect raconte que ce dernier est venu chez lui, la nuit des faits, et lui a confié avoir donné rendez-vous à Shaïna pour la tuer. Il lui aurait demandé de se mettre nue, poignardée une quinzaine de fois, et aurait été blessé par un retour de flamme.

Des détails fournis par ce témoin lors de son audition n’avaient pas été rendus publics. Shaïna refusait d’avorter, révèle-t-il encore. La mère du témoin assure avoir vu des baskets ensanglantées dans l’entrée, jamais retrouvées.

Des déclarations qui varient

Si son téléphone a disparu, le suspect multiplie les SMS à Shaïna ce jour là. A l’approche du crime, tous deux activent la même borne, à 500m du cabanon. L’appareil de l’accusé est éteint entre 21h36 et 22h13, heure approximative des faits.  L’accusé expliquera ses brûlures par un «frottement» puis un «eczéma», et varie ses déclarations sur son emploi du temps. Il reconnaît quelques relations sexuelles avec Shaïna à partir d’août, assure avoir rompu. D’après lui, les témoins «mentent», couvrent quelqu’un d’autre.

«Shaïna a été traitée «comme une chose, avec qui on couche, mais qu’on peut supprimer»

Me Negar Haeri, avocate de la famille de Shaïna

Mais un codétenu l’aurait entendu «dire fièrement» qu’il avait «tué sa copine, qui était «une pute», qu’il avait «mise enceinte», voulant éviter que sa famille l’apprenne. En prison, il s’en «vantait», disait «préférer prendre 30 ans qu’être le père d’un bâtard», dira un autre détenu. Le crime pourrait être «une tentative désespérée» de préserver son image, dans un contexte «d’interdit culturel et religieux» lié à la sexualité, a estimé un expert psychologue.

Malgré ses plaintes, pour «viol», puis pour un «passage à tabac» par un de ses agresseurs sexuels, «la justice n’a pas su la protéger, stopper cette rumeur», critique-t-elle, appelant à «s’interroger collectivement sur ce qui a déraillé».

Victime ou témoin d’une agression sexuelle?

(AFP)

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