France: Un magazine la traite d’esclave, elle, de «merde raciste dans un torchon»

Publié

FranceUn magazine la traite d’esclave, elle, de «merde raciste dans un torchon»

Un hebdomadaire de la droite radicale a publié un «roman de l'été» dans lequel une députée noire est dépeinte comme une esclave. De nombreuses personnalités politiques ont condamné ce texte.

La classe politique française a unanimement condamné samedi un texte, publié par Valeurs actuelles un magazine ultra-conservateur, qui dépeint en esclave Danièle Obono, une députée noire de la gauche radicale. Plusieurs personnalités politiques dénoncent un article «inacceptable» et une «apologie du racisme». Emmanuel Macron a appelé la députée samedi pour lui faire part de sa «condamnation claire de toute forme de racisme», a indiqué l’Elysée à l’AFP. Un peu plus tôt, le Premier ministre Jean Castex avait condamné sur twitter une «publication révoltante» et assuré la députée Danièle Obono du soutien du gouvernement.

Des dessins collier en fer autour du cou

Dans un récit de sept pages publié cette semaine, la députée de Paris «expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage» au XVIIIe siècle, selon la présentation qu’en fait l’hebdomadaire. Des dessins de Danièle Obono, collier en fer au cou, accompagnent ce «roman de l’été». Dès vendredi, la principale concernée avait évoqué sur Twitter une «merde raciste dans un torchon». «L’extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même», avait-elle ajouté. Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, le parti auquel elle appartient, s’était élevé contre un «harcèlement nauséabond» envers la députée.

Danièle Obono à l'Assemblée nationale, le 8 mai dernier.

Danièle Obono à l'Assemblée nationale, le 8 mai dernier.

AFP

«Le racisme est un mal nocif. Il détruit. Il est un délit», a aussi rappelé la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai sur twitter. «On est libre d’écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis (aux) côtés» de la parlementaire, a écrit pour sa part le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

Réprouvant vivement un «cortège de haines, comme l’ont déjà expérimenté beaucoup de responsables politiques noirs ou d’origine maghrébine ces dernières années», l’association SOS Racisme a indiqué dans un communiqué étudier «les suites judiciaires envisageables».

«Il s’agit d’une fiction»

Mais, a répondu le magazine d’opinion par le même canal, «il s’agit d’une fiction mettant en scène les horreurs de l’esclavage organisé par des Africains au XVIIIème siècle», «terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir».

Le magazine s’excuse

Sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, a fait amende honorable: «On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danièle Obono soit choquée. On s’excuse auprès d’elle à titre personnel». «Si je l’avais en face de moi aujourd’hui, je lui dirais pardon, je suis désolé de vous avoir blessée», a-t-il ajouté, assurant que son journal n’était «pas raciste».

L’objectif était «de faire une fiction, certes complexe, certes tirée par les cheveux, peut-être mal venue, peut-être malaisante, mais jamais malveillante et jamais méchante», a-t-il affirmé. Un responsable du parti d’extrême-droite Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a condamné sur Twitter la publication, «d’un mauvais goût absolu»: «le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d’une élue de la République», selon lui.

(AFP/lhu)

Ton opinion