Orbe (VD)Un magnétiseur à nouveau devant la justice après de nouvelles plaintes
Un magnétiseur-médium, condamné l’an dernier à 13 ans et demi de prison pour avoir abusé de clientes, sera de retour devant la justice lundi. Cinq nouvelles victimes ont brisé le silence.

L’homme est accusé d’avoir abusé sexuellement de cinq autres victimes. (image d’illustration)
Condamné il y a six mois à 13 ans et demi de prison pour avoir profité de la détresse de clientes et abusé sexuellement d’elles, un magnétiseur d’Orbe (VD), âgé de 69 ans, sera de retour au Tribunal d’Yverdon lundi. Une quinzaine de victimes s’étaient portées parties plaignantes dans cette affaire, jugée jusqu’au Tribunal fédéral. Mais à la suite de sa médiatisation, cinq autres femmes ont brisé le silence.
L’homme est entre autres accusé d’actes sexuels et de viol pour des faits commis entre 2008 et 2014. Selon le Parquet, il persuadait ses clientes, parfois dans un état hypnotique, que la source de leurs divers problèmes était sexuelle, puis s’adonnait à des attouchements ou pénétrations pour les en libérer. Ces nouvelles plaignantes avaient entre 20 et 47 ans au moment des faits. L’une a reconnu le prévenu sur un dessin de presse, tandis qu’une autre s’est sentie concernée en voyant un reportage télévisé sur l’affaire.
Pas plus de 15 ans de prison
Me Véronique Fontana, qui plaidera l’acquittement, maintient que «son seul but était thérapeutique»: «Mon client pratiquait l’hypnose ericksonienne. Le patient lâche prise, mais n’est pas manipulé contre sa volonté. L’emprise n’abolit pas le libre arbitre.» Même si le prévenu est reconnu coupable de tout ce dont on l’accuse, sa peine de prison ne pourra pas dépasser 15 ans.
«#MeToo a été très défavorable à mon client»
«Quand une ou plusieurs victimes sortent du silence, d’autres sont encouragées, note Me Coralie Devaud qui défend deux d’entre elles. Ce magnétiseur-médium avait un tel aplomb qu’elles pensaient que ce qu’il leur faisait était normal. Il leur avait même fait des prédictions qui se sont réalisées.»
Mais Me Véronique Fontana, avocate du prévenu, émet des réserves. «S’annoncer victime dix ans après les faits, je trouve quand même douteux… Le mouvement #MeToo a été très défavorable à mon client.» D’après l’acte d’accusation, l’homme au système bien rodé aurait pu faire bien d’autres victimes si l’une d’entre elles ne l’avait pas dénoncé en 2018. «Mes clientes veulent que la justice reconnaisse leur statut de victime», conclut Me Coralie Devaud.
La faute à la culture du viol
«Dans un contexte de violences sexuelles, la faute revient à la culture du viol, ce mécanisme sociétal de banalisation et de «silenciation» qui fait douter les victimes», explique Valérie Vuille, directrice de décadréE, institut de recherche et de formation sur l’égalité dans les médias. La médiatisation et la condamnation contribuent, elles, à faire changer les choses. «Nommer la violence et la qualifier juridiquement, c’est remettre le curseur sur l’origine de celle-ci. Oui, ce comportement n’est pas adéquat et on est en droit de demander justice.»
À noter que la médiatisation de procès permet avant tout de s’assurer du bon fonctionnement des institutions.