Abou SayyafUn otage canadien exécuté aux Philippines
Robert Hall a été tué par les islamistes philippins du groupe Abou Sayyaf, a annoncé le Premier ministre canadien.

Robert Hall, à gauche, est le deuxième otage canadien tué par Abbou Sayyaf après la décapitation le 25 avril de John Ridsdel, ici à droite.
Un otage canadien a probablement été exécuté par ses ravisseurs du groupe islamiste philippin Abou Sayyaf, a annoncé lundi le Premier ministre Justin Trudeau en réaffirmant la position du Canada de ne jamais payer de rançon. «Je suis profondément attristé et indigné d'annoncer que nous avons des raisons de croire que Robert Hall, un citoyen canadien détenu en otage aux Philippines depuis le 21 septembre 2015, a été tué par ses ravisseurs», a déclaré à la télévision Justin Trudeau.
Juste après cette intervention du Premier ministre canadien, les autorités philippines ont indiqué avoir retrouvé la tête d'un homme sur l'île de Jolo, le fief du groupe Abou Sayyaf.
«Nous avons retrouvé une tête d'un occidental (...) et qui ressemble à Robert Hall», a déclaré Filemon Tan, un porte-parole des forces armées philippines.
A Manille, le président philippin Benigno Aquino a annulé un engagement public lundi afin de rester informé du sort des otages, selon le porte-parole de la présidence.
Robert Hall, 58 ans, serait le deuxième otage canadien tué par Abbou Sayyaf après la décapitation le 25 avril de John Ridsdel, 60 ans.
Les deux Canadiens avaient été enlevés avec le Norvégien Kjartan Sekkingstad et Marites Flor, la compagne philippine de Robert Hall, le 21 septembre à bord d'un yacht dans la marina d'un complexe hôtelier près de Davao, la grande ville de l'île méridionale de Mindanao.
Dans une vidéo le 16 mai, Robert Hall et Kjartan Sekkingstad étaient apparus avec des vêtements orange dans un décor de jungle, encerclés par des hommes encagoulés et armés.
Ils avertissaient leur gouvernement qu'au moins l'un d'eux serait exécuté si une rançon de 600 millions de pesos (11,4 millions d'euros) n'était pas payée dans les quatre semaines, soit avant dimanche dernier.
Dès la décapitation du premier otage canadien, Justin Trudeau avait affirmé que le Canada ne céderait jamais au chantage.
«Une journée difficile pour le Canada»
Lundi, il a une nouvelle fois réitéré la position du Canada, défendue le mois dernier au Japon quand il avait enjoint les six autres membres du G7 de ne jamais payer de rançon.
«Le gouvernement du Canada ne versera pas et ne peut pas verser de rançons en échange d'otages à des groupes terroristes», a souligné M. Trudeau.
Ce serait «faire du drapeau canadien et des plus de trois millions de Canadiens à l'étranger qui le portent avec fierté, des cibles», a-t-il dit.
Juste après l'exécution du premier otage canadien, le président Benigno Aquino s'était engagé à lancer un assaut militaire contre les islamistes d'Abou Sayyaf, sans s'avancer sur un calendrier.
C'est «une journée difficile pour le Canada», a confié Justin Trudeau en tenant «le groupe terroriste qui a pris (Rober Hall) en otage pleinement responsable de ce meurtre insensé commis de sang-froid».
Avec cette probable deuxième exécution d'un Canadien, M. Trudeau a estimé «que la prise d'otages par des terroristes ne fait qu'alimenter la violence et l'instabilité».
Le ministre norvégien des Affaires étrangères Borge Brende, a estimé dans un communiqué que seules «l'horreur et l'indignation» sont la réponse au «meurtre brutal du Canadien Robert Hall».
«La Norvège poursuit ses efforts pour trouver une solution aux otages» toujours aux mains du groupe, a-t-il ajouté en référence à son concitoyen Kjartan Sekkingstad et Mme Flor.
Pour l'opposition conservatrice et sa responsable Rona Ambrose, «les Canadiens sont choqués et scandalisés» par cette exécution d'un nouvel otage. Mme Ambrose a demandé à Justin Trudeau de travailler avec les pays alliés pour «détruire les organisations terroristes».
Le groupe Abou Sayyaf, créé dans les années 1990 et financé par Oussama ben Laden et Al-Qaïda, regrouperait quelques centaines de combattants. Actif dans le sud des Philippines, le groupe s'est fait une spécialité lucrative des enlèvements contre rançon et les analystes l'assimilent plus à un groupe crapuleux qu'à un mouvement idéologique. (nxp/afp)