Démission de Samuel Schmid: Un parcours semé d'embûches

Actualisé

Démission de Samuel SchmidUn parcours semé d'embûches

Dès son élection au Conseil fédéral, Samuel Schmid a collectionné les embûches.

Le ministre de la défense a été élu contre l'avis de son parti, l'UDC, qui n'a cessé de le lui faire sentir. Le Bernois a en outre hérité d'un département qui cristallise les oppositions.

6 décembre 2000: L'Assemblée fédérale élit le conseiller aux Etats UDC bernois Samuel Schmid au Conseil fédéral, contre la volonté du groupe UDC dont les candidats sont la Zurichoise Rita Fuhrer et le Thurgovien Roland Eberle. Samuel Schmid hérite le département de son prédécesseur Adolf Ogi, la Défense.

2001: L'UDC s'oppose à Samuel Schmid sur l'envoi de soldats armés en mission de maintien de la paix à l'étranger, et sur la coopération avec l'étranger en matière d'instruction militaire. Ces deux objets sont acceptés par le peuple à une courte majorité en juin 2001.

2002: Avec le Conseil fédéral, Samuel Schmid défend l'adhésion de la Suisse à l'ONU. Il est suivi par l'UDC bernoise, mais le parti suisse s'y oppose. Le 3 mars 2002, l'adhésion l'emporte en votation populaire. En novembre 2002, le conseiller national Christoph Blocher (UDC/ZH) traite Samuel Schmid de «demi-conseiller fédéral» devant les délégués de son parti.

2003: De justesse, l'UDC se rallie à la réforme du système militaire suisse Armée XXI et à celle de la protection civile défendues par Samuel Schmid. Mais plusieurs sections cantonales se démarquent et prônent le non. Les deux réformes sont acceptées par le peuple.

19 octobre 2003: Au soir des élections fédérales, l'UDC revendique un 2e siège au Conseil fédéral et lance la candidature de son leader charismatique Christoph Blocher.

10 décembre 2003: Christoph Blocher est élu au Conseil fédéral, évinçant la conseillère fédérale PDC Ruth Metzler. La «formule magique» instaurée en 1959 vole en éclats.

Eté 2004: Crise au Département fédéral de la défense, de la population et des sports (DDPS). Une analyse interne dénonçant de graves dysfonctionnements au niveau de la conduite du DDPS a fait l'objet de fuites dans la presse. Le secrétaire général du département Juan Gut quitte ses fonctions avec effet immédiat et «d'un commun accord» avec Samuel Schmid.

8 décembre 2004: Samuel Schmid est élu président de la Confédération pour 2005.

Session de printemps 2005: pour la première fois de son histoire, le Parlement enterre un programme d'armement. Le programme d'armement 2004 fait les frais d'une alliance «contre nature» entre l'UDC, le PS et les Verts. Le projet a achopé sur l'achat de deux avions de transports. Expurgé des points contestés, le programme passe la rampe à la session d'été.

Session d'automne 2006 à Flims: L'UDC, le PS et les Verts font capoter la réforme d'Armée XXI. La réorganisation de l'armée n'obtiendra le feu vert qu'à la session d'été 2007, après plusieurs concessions et arrangements.

8 juin 2007: le Conseil fédéral nomme le brigadier Roland Nef au poste de chef de l'armée. Il succède au commandant de corps Christophe Keckeis.

12 juillet 2007: Six militaires meurent lors d'un exercice, emportés par une avalanche à la Jungfrau. Les critiques pleuvent, ainsi que les accusations de négligence. La justice militaire ouvre une enquête.

12 décembre 2007: Rejetant la pression de l'UDC qui exige la réelection au Conseil fédéral du ticket Christoph Blocher - Samuel Schmid, l'Assemblée fédérale élit la conseillère d'Etat UDC grisonne Eveline Widmer-Schlumpf à la place de Christoph Blocher. Le 13 décembre, elle accepte son élection. Avec Samuel Schmid, elle est exclue du groupe parlementaire UDC. Les ténors de la ligne dure de l'UDC annoncent que le parti passe à l'opposition.

Janvier 2008: Le service de garde à l'armée doit désormais s'effectuer avec l'arme chargée. La nouvelle règle avalisée par Samuel Schmid crée la polémique. Des communes et des parlements cantonaux s'y opposent.

Printemps 2008: Crise à l'UDC. La direction du parti suisse exige d'Eveline Widmer-Schlumpf qu'elle renonce à son mandat de conseillère fédérale, sans quoi elle sera exclue de l'UDC. Le processus d'exclusion de la ministre et de la section grisonne aboutit à la scission du parti dans les cantons des Grisons, de Glaris et de Berne, avec la création du Parti bourgeois démocrate (PBD). Samuel Schmid et sa collègue le rejoignent.

12 juin 2008: Cinq militaires trouvent la mort dans un accident de rafting sur la rivière Kander. Le chef des Forces aériennes Walter Knutti est limogé par le nouveau chef de l'armée Roland Nef.

13 juillet 2008: La «Sonntagszeitung» annonce qu'une plainte avait été déposée contre le chef de l'armée au moment de sa nomination. Il était poursuivi pour contrainte envers son ex- compagne. Samuel Schmid était au courant mais n'a pas informé le reste du Conseil fédéral.

Juillet-août 2008: Atermoiements de Samuel Schmid dans ce qui devient «l'affaire Nef». Le ministre de la défense assure son chef de l'armée de son soutien avant de le suspendre quelques jours plus tard. Le 25 juillet, Roland Nef jette l'éponge. L'UDC veut la tête de Samuel Schmid.

24 septembre 2008: Une coalition de circonstance formée par l'UDC, le PS et les Verts fait capoter le programme d'armement 2008.

1er novembre: le Parti bourgeois démocratique (PBD) suisse est officiellement fondé à Glaris. Samuel Schmid et Eveline Widmer- Schlumpf participent à cette première assemblée des délégués.

5 novembre 2008: Samuel Schmid est hospitalisé en raison d'une inflammation aiguë de la vésicule biliaire. Le 7 novembre, il subit l'ablation de cet organe. Le 9 novembre, le conseiller fédéral quitte l'hôpital.

11 novembre 2008: l'UDC vire de bord et soutient le programme d'armement 2008 au sein de la commission de la politique de sécurité du Conseil national. Cette dernière conseille au plénum de l'accepter par 15 voix contre 8.

12 novembre 2008: Samuel Schmid présente sa démission pour le 31 décembre 2008.

(ats)

Ton opinion