Pétrole: Un répit de courte durée pour Petroplus

Actualisé

PétroleUn répit de courte durée pour Petroplus

La firme zougoise a vu son action s'envoler jeudi, après l'annonce la veille d'un accord avec les banques. Toutefois, la situation reste tendue au niveau financier.

L'action Petroplus était en forte hausse jeudi, après l'annonce mercredi soir d'un accord temporaire de facilité de crédit avec les banques. Le premier raffineur indépendant en Europe doit ainsi pouvoir poursuivre ses activités sur les sites de Coryton (Angleterre) et Ingolstadt (Allemagne).

Vers 10h45, Petroplus s'envolait de 30,8% à 1,57 franc, dans des volumes de transactions élevés. A l'ouverture, l'action de la firme zougoise a même pris 47,5%. Ce rebond n'est toutefois pas à surestimer dans la mesure où le titre affiche toujours un repli de 31% par rapport à son cours de fin 2011.

A la clôture, la nominative avait pris 15,8% à 1,39 franc, dans des volumes de transactions élevés. A l'ouverture, l'action de la firme zougoise s'est même envolée de près de 50%. Ce rebond n'est toutefois pas à surestimer, dans la mesure où le titre affiche toujours un repli de 31% par rapport à fin 2011 et même de près de 90% en six mois.

Gagner du temps pour sortir de la crise

Les intervenants saluent l'annonce de l'accord temporaire, qui ne représente rien de plus qu'une courte pause dans le processus de recherche de solutions en cours. La situation du groupe demeure opaque et tendue, mais il gagne du temps pour trouver une sortie de crise solide, commente la Banque cantonale de Zurich.

UBS est également de cet avis. Avec cet accord, le scénario le plus noir, soit celui d'une faillite, s'éloigne temporairement. Si les activités des sites de Coryton et Ingolstadt sont pour le moment en partie assurées, l'avenir des sites de Cressier (NE), Petit- Couronne (F) et Anvers (B) n'a pas été évoqué hier et reste en suspens. Pour les analystes de la banque, il faut s'attendre à une fermeture définitive ou une vente.

Seule alternative: un repreneur

L'intersyndicale de la raffinerie de Petit-Couronne considère de son côté que «la seule alternative passe par un repreneur». La dernière annonce en date du groupe «ne doit pas être prise comme la fin d'un processus mais un simple changement de phase», a déclaré jeudi Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC, dans un message aux salariés.

Eric Besson «choqué»

Le ministre français de l'industrie Eric Besson s'est quant à lui dit «choqué» par le «silence» de Petroplus sur l'avenir des trois sites non mentionnés. Il a par ailleurs indiqué qu'il devait recevoir dans l'après-midi Jean-Paul Vettier, le directeur de la société.

Le 27 décembre, Petroplus annonçait qu'elle s'était vu refuser une ligne de crédit de 1 milliard de dollars (1,21 milliard de francs) jugée «indispensable» au bon fonctionnement de ses opérations d'achat de brut. La situation était devenue critique depuis que le 5 janvier, la société avait indiqué que les banques avaient gelé toutes les facilités de crédit, qui totalisaient 2,1 milliards de dollars.

Fermeture de la raffinerie de Cressier

Les raffineries de Petit-Couronne et Anvers ont été fermées début janvier, alors que celle de Cressier, où travaillent 260 personnes, le sera la semaine prochaine. Le débit des raffineries de Coryton et Ingolstadt a été réduit.

(ats/afp)

Paris presse Petroplus de préciser l'avenir de la raffinerie française

Le patron de Petroplus a été convoqué jeudi par le ministre français de l'Industrie pour faire le point sur la raffinerie française de Petit-Couronne, après la conclusion d'un accord de financement qui n'évoque pas l'avenir de ce site.

Le raffineur, qui négocie depuis décembre pour obtenir une ligne de crédit d'un milliard de dollars indispensable pour poursuivre ses achats de pétrole brut, a annoncé mercredi avoir trouvé un «accord provisoire» avec ses créanciers.

Il a expliqué qu'il devrait recevoir des fonds pour financer ses dépenses essentielles et garantir la sécurité des opérations dans ses raffineries de Coryton (Grande-Bretagne) et d'Ingolstadt (Allemagne). Il s'est dit par ailleurs en négociation avec «une tierce partie concernant l'alimentation en pétrole brut et en matières premières» de ces deux raffineries.

En revanche, le groupe suisse a gardé bouche cousue sur l'avenir de trois autres de ses raffineries, qui ont déjà été mises à l'arrêt au début du mois, et dont les salariés se battent désormais pour échapper à une fermeture définitive. Il s'agit de Petit-Couronne en Seine-Maritime, Anvers en Belgique et Cressier (NE).

Face à ce silence, le ministre de l'Industrie Eric Besson a tapé jeudi du poing sur la table, se disant «choqué par cette annonce qui n'a fait l'objet d'aucune information préalable auprès des salariés des raffineries concernées».

Il reçu dans l'après-midi le PDG du groupe suisse, Jean-Paul Vettier, pour qu'il s'explique sur l'avenir du site et de ses 550 employés, et il s'est dit lui-même «convaincu de l'avenir industriel» de cette raffinerie.

A l'issue de cette réunion, qui s'est déroulée à huis clos, M. Vettier s'est engagé «à informer dans les prochains jours les salariés sur l'avenir du site», a indiqué le ministère dans un communiqué.

M. Besson a indiqué que l'Etat «mobiliserait l'ensemble des moyens juridiques et opérationnels à sa disposition pour contraindre» si nécessaire Petroplus «à assumer ses responsabilités sociales, industrielles et environnementales».

Le ministre réunira également vendredi des représentants de l'ensemble de la filière française du raffinage, dans le but de les «mobiliser».

De son côté, l'intersyndicale de Petit-Couronne a répété qu'elle avait perdu confiance dans Petroplus et que pour elle, la seule solution pour sauver le site était la recherche d'un repreneur.

Ton opinion