Cyclisme - dopageUn retour gagnant qui sème le doute
Les retours gagnants de Riccardo Ricco et d'Alexandre Vinokourov, sitôt leur suspension terminée, alimentent la suspicion à moins de deux semaines du départ du Giro.

Le Kazakh Alexandre Vinokourov a remporté dimanche passé Liège-Bastogne-Liège, la doyenne des classiques.
Cette course a été martyrisée par des affaires de dopage à répétition ces dernières années.
Ricco et «Vino» ont tous deux raflé la mise au Tour du Trentin la semaine passée, où l'Italien a été devancé pour 12 centièmes de seconde par le Kazakh. Dans la foulée, Vinokourov s'est adjugé dimanche Liège-Bastogne-Liège et s'est positionné en prétendant au Giro auquel l'équipe de l'Italien, une formation de 2e division (Flaminia), n'a pas été conviée.
Tous deux ont pour point commun d'avoir provoqué le scandale au Tour de France. En 2007 pour Vinokourov, convaincu de dopage par transfusion sanguine. En 2008 pour Ricco, positif à l'EPO Cera. Mais aussi d'avoir été ensuite mis hors jeu, deux ans pour le Kazakh, vingt mois pour l'Italien.
Retour rapide
Tous deux se ressemblent enfin dans leur retour rapide au plus haut niveau. A l'inverse de l'Ecossais David Millar et de l'Italien Ivan Basso qui n'ont logiquement pas (encore) retrouvé leur niveau antérieur de performances, Ricco et Vinokourov ont renoué très vite avec leurs habitudes de victoires. «Vino, c'est la classe», a déclaré le Kazakh pour expliquer, avec des charges d'entraînement hautes, sa performance de Liège.
Arrogance, cynisme, candeur ? La conférence de presse d'après- course, à laquelle l'indestructible kazakh s'est prêté de bonne grâce, a ressemblé le plus souvent à un plaidoyer (»je veux regagner la confiance») pour retrouver une crédibilité en lambeaux. Surtout après avoir reconnu une préparation en marge, dans la discrétion de l'archipel des Canaries.
Piqûres de rappel
Que dire alors de Ricco, insolent feu follet qui a flambé deux saisons avant de quitter le Tour entre deux gendarmes en juillet 2008 ? Son retour tonitruant dans des courses de deuxième zone, les seules dans lesquelles il a été pour l'instant admis, a fait sensation. A l'heure où toute performance hors normes est vite suspectée, les victoires du «Cobra» italien sont autant de piqûres rappelant un passé à oublier.
Saluées par une partie de la presse, elles ont aussi posé la question de son éviction du Giro, la course-phare d'un cyclisme italien qui n'en finit pas de voir ses chefs de file rattrapés par les affaires de dopage (Ricco, Piepoli, Rebellin, Di Luca). En éloignant l'équipe de Ricco du départ d'Amsterdam le 8 mai, l'organisateur du Tour d'Italie, Angelo Zomegnan, a prudemment ajouté une période de pénitence à la punition réglementaire. Quitte à encourir le reproche d'injustice.
Le délai devrait permettre de valider, au moins pour partie, les performances. Car, Ricco, comme l'ensemble du peloton, est soumis au passeport biologique dont les résultats exigent une durée minimale de plusieurs mois. Au moins l'Italien, dont la compagne Vania Rossi a été elle-même suspectée de dopage au même produit (EPO Cera), sera-t-il absent du peloton réuni à Amsterdam. Au contraire de Vinokourov, devenu à 36 ans un encombrant candidat au maillot rose si l'on en juge par la froideur et les sifflets qui ont accueilli son numéro liégeois.
(ats)