«Silence»: Un sacré chemin de croix de missionnaire à apostat

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«Silence»Un sacré chemin de croix de missionnaire à apostat

A 74 ans, Martin Scorsese adapte «Silence», roman historique du Japonais Shusaku Endo.

Catherine Magnin
par
Catherine Magnin

Portugal, XVIIe siècle. La nouvelle court que le père Ferreira (Liam Neeson), missionnaire au Japon, a renié la religion chrétienne. Rodrigues (Andrew Garfield) et Garrupe (Adam Driver) n'en croient rien. Les deux jeunes jésuites veulent en avoir le coeur net et partent à la recherche de leur mentor.

Ce qu'ils découvrent en matière de persécutions subies par les convertis au christianisme, religion décrétée illégale dans l'Empire du Soleil levant, va dépasser leurs pires projections. Rodrigues commence par mépriser les prosélytes pour leur vénération des objets de culte et leur abjuration trop rapide. Mais, torturé et témoin du calvaire enduré par ces convertis, le jeune homme est interpellé dans sa foi. Vient le moment où il ne s'agit plus de gagner des âmes, mais de sauver la sienne. Rodrigues finira-t-il par fouler au pied un Dieu qui oppose le silence à ses questions?

Après «La dernière tentation du Christ», Scorsese signe en quelque sorte «La dernière tentation de Rodrigues». Il ne lésine pas sur les horreurs, faisant ainsi honneur à la réputation d'inventivité des pays asiatiques en matière de torture. C'est long (le film dure 2 h 40), mais il n'en faut pas moins pour questionner aussi bien l'arrogance et l'ethnocentrisme évangélique de l'Eglise que la foi personnelle du héros.

Film ambitieux, grave, «Silence» est porté par un Andrew Garfield qui excelle décidément dans la peau de personnages dont l'entêtement n'a d'égal que les épreuves qui lui sont infligées. A l'image du héros de «Tu ne tueras point», de Mel Gibson, sorti sur les écrans la semaine passée.

«Silence»

De Martin Scorsese. Avec Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson

Sortie le 8 février 2017

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