Egypte: Un sanglant anniversaire de la révolution

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EgypteUn sanglant anniversaire de la révolution

Une vingtaine de personnes, dont un policier, ont été tuées dimanche en Egypte, alors que manifestants islamistes et forces de l'ordre s'affrontaient à l'occasion du quatrième anniversaire de la révolte de 2011.

Les heurts près de la place Tharir, symbole de la révolution égyptienne.

Les heurts près de la place Tharir, symbole de la révolution égyptienne.

Manifestants islamistes et forces de l'ordre se sont affrontés ce week-end en Egypte à l'occasion du quatrième anniversaire de la révolte de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir. Une vingtaine de personnes, dont un policier, ont été tuées, selon des responsables.

L'an dernier, des dizaines de personnes ont péri lors des manifestations marquant cet anniversaire.

Et dimanche dans le nord du Caire, treize manifestants islamistes ont été tués dans des affrontements avec la police au Caire, a dit à l'AFP un responsable du ministère de la Santé. Un policier a été tué et 11 ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur.

Au total, 150 personnes ont été arrêtées en marge des rassemblements. Et deux autres policiers ont été blessés dans une attaque, selon des responsables des services de sécurité.

Six autres personnes ont été tuées notamment à Alexandrie, la deuxième ville du pays, dans le gouvernorat de Gizeh, près du Caire, et dans la province de Baheira, dans le delta du Nil, ont souligné les forces de sécurité.

Plusieurs photos de Morsi

Dans la région de Baheira, dans le delta du Nil, à 170 km du Caire, deux activistes ont été tués par l'explosion prématurée de bombes qu'ils étaient en train de poser, a rapporté la télévision nationale égyptienne.

Pour marquer l'anniversaire du soulèvement populaire de 2011, les partisans du président islamiste Mohamed Morsi, renversé par les militaires en juillet 2013, avaient appelé à manifester contre l'actuel chef de l'Etat, Abdel Fattah al-Sissi.

Dans le centre du Caire, la police a tiré et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants qui scandaient des slogans hostiles aux islamistes et aux nouvelles autorités.

Les manifestants ont brandi des photos de M. Morsi, a constaté un journaliste de Reuters sur place. Les forces de sécurité sont rapidement intervenues et les ont interpellés. Samedi, une manifestante avait déjà été tué dans la capitale égyptienne.

Centaines de manifestants tués auparavant

Selon son parti, l'Alliance socialiste populaire, elle a été tuée par les forces de sécurité. Un millier de personnes ont assisté dimanche à ses funérailles.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Hany Abdel Latif, a déclaré qu'une enquête avait été ouverte. «Personne n'est au-dessus des lois», a-t-il souligné.

Et les forces anti-émeute se sont également déployées dimanche sur une place dans le nord-est du Caire.

La police, intervenant pour mettre fin à un sit-in, avait tué dans ce site des centaines de partisans de Mohamed Morsi en août 2013, un mois après le renversement de celui-ci par l'armée à la suite de manifestations de masse.

Demande lancée par le président

Le cheikh Youssef al-Karadaoui, dignitaire religieux d'origine égyptienne établi au Qatar et partisan des Frères musulmans, a soutenu les manifestants et affirmé que M. Morsi restait le «dirigeant légitime» de l'Egypte.

Si les mesures de sécurité prises en Egypte ont pratiquement porté un coup d'arrêt ces derniers mois aux manifestations de l'opposition, plusieurs rassemblements ont eu lieu cette semaine au Caire ainsi qu'à Alexandrie.

Dans une allocution télévisée samedi soir, le président Abdel Fattah al-Sissi a salué le désir de changement manifesté par les Egyptiens voici quatre ans mais a appelé à la patience pour atteindre l'ensemble des «objectifs de la révolution».

Abdel Fattah al-Sissi était à la tête des services de renseignement militaires sous Hosni Moubarak et les ONG de défense des droits de l'homme l'accusent de rétablir l'autoritarisme de mise sous l'ancien «raïs».

Et par ailleurs samedi, la justice égyptienne a ordonné un nouveau jugement pour 152 partisans de M. Morsi, dont 37 condamnés à mort dans un des procès qui avait provoqué un tollé international, selon un responsable judiciaire. (ats)

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