Incendie de Notre-Dame: Un sourire devant l'église en feu les expédie en enfer

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Incendie de Notre-DameUn sourire devant l'église en feu les expédie en enfer

Deux étudiants en architecture ont été photographiés en train de s'éloigner de Notre-Dame avec une mine réjouie. Récupérée par des sites d'extrême droite, l'image a provoqué un déferlement de haine.

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En réalité, les deux amis riaient pour une toute autre raison que l'incendie de Notre-Dame.

En réalité, les deux amis riaient pour une toute autre raison que l'incendie de Notre-Dame.

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Deux étudiants français en architecture sortent à peine d'une expérience particulièrement éprouvante. Pour comprendre leur histoire, il faut remonter le temps jusqu'au 15 avril dernier en fin de journée. Attablés dans un café à Paris, S. et J.* apprennent que Notre-Dame est en feu et décident d'aller voir tout cela de leurs propres yeux, explique AFP Factuel.

«Pendant une bonne demi-heure, trois quarts d'heure peut-être», les deux jeunes hommes ont assisté à l'incendie depuis la rive sud de la Seine. Invités par des policiers à quitter le périmètre, les étudiants passent alors sous une rubalise rouge et blanche. C'est à ce moment précis, alors qu'ils tournent le dos à Notre-Dame, un sourire aux lèvres, qu'ils sont photographiés. L'image, publiée sans légende le 15 avril à 21h37 sur le compte Facebook de Sputnik France, déclenche des réactions extrêmement violentes.

Rapidement, le cliché est repris par des comptes d'extrême droite, un peu partout sur les réseaux sociaux. Il atterrit par exemple sur la page de Pamela Geller, une militante américaine anti-islam, qui y va de sa propre légende: «Des musulmans rient pendant que Notre-Dame est détruite par les flammes.» L'idée est reprise, quelques heures plus tard, par la page francophone Infos-Israel.News.

Un «parapluie» pour protéger la cathédrale

Une vidéo de la préfecture montre la fin du bâchage de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La toiture est maintenant protégée des intempéries.

Vue aérienne «du coeur brisé de Paris»

Un site d'information russe a mis en ligne des images de drone impressionnantes de la cathédrale Notre-Dame de Paris, au lendemain du terrible incendie de lundi.

S'ensuit un déferlement de haine, d'insultes racistes et islamophobes ainsi que de menaces visant les deux étudiants. Ils déboulent par centaines. Je n'avais jamais été victime de racisme jusqu'ici. «Là, j'en ai pris pour deux vies», confie S., 21 ans. Face à cette avalanche de commentaires, le média qui a publié à l'origine cette photo a tenu à préciser qu'«à aucun moment, Sputnik n'a insinué que ces deux individus étaient musulmans ni qu'ils riaient en raison de l'incendie».

Notre-Dame: voici à quoi ressemble la cathédrale après l'enfer

Une vidéo de lundi soir montre des pompiers examinant les dégâts à Notre-Dame de Paris, détruite par l'incendie. La cathédrale est en ruines et en cendres, du toit ruissellent les dernières braises. Les pompiers ont annoncé l'incendie maîtrisé mardi matin.

Si les deux potes affichent une mine réjouie sur ce fameux cliché, c'est parce qu'au moment de passer sous la rubalise, «elle m'est revenue dans le visage. Cela nous a fait sourire», explique S. Le jeune homme l'assure: voir Notre-Dame brûler lui a brisé le coeur. «En tant qu'étudiants en archi, voir un bijou de l'architecture brûler, ça nous a fait quelque chose», explique le jeune homme, qui a montré à l'AFP un échange de SMS prouvant sa bonne foi.

Notre-Dame de Paris: le FILM de l'incendie

Il est 20h à Paris, la flèche de Notre-Dame s'effondre... sous les yeux des nombreux badauds présents. Depuis un peu plus d'une heure, un gigantesque incendie dévore le toit de la cathédrale mondialement connue. Emmanuel Macron annule son discours très attendu pour se rendre sur les lieux. Après 12 heures de lutte dans la soirée et la nuit, les pompiers parviennent à maîtriser le feu mais les dégâts sont lourds. Les dons commencent à affluer pour reconstruire le bâtiment célébré par Victor Hugo

L'avocat des deux étudiants a envoyé une quinzaine de mises en demeure pour «atteinte au droit à l'image». «Il faut donner conscience aux gens qui lisent, comme aux gens qui écrivent ou commentent, que derrière une information non vérifiée, il y a des personnes pour lesquelles ça a des conséquences directes, des conséquences sur leur vie», a expliqué à l'AFP Me Boris Rosenthal.

*L'AFP a protégé l'anonymat des deux amis

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