Identification criminelleUn spécialiste romand primé par les Américains
Pierre Margot, l'inventeur de la première lampe judiciaire, la Polilight, s'est vu attribuer mi-août une récompense qui n'était encore jamais revenue à un non-Américain: le John A. Dondero Memorial Award.

En 1986, le professeur Margot a pris la direction de l'Institut de police scientifique et de criminologie de l'UNIL. (Photo: dr)
L'International Association for Identification valorise ainsi l'apport à la science forensique du directeur de l'Ecole des sciences criminelles de l'Université de Lausanne.
Tous les amateurs de séries policières connaissent Pierre Margot sans le savoir, car c'est à lui qu'on doit la fameuse lampe, qui permet la détection d'empreintes digitales, des liquides biologiques et d'autres preuves sur la scène de crime. «Je travaillais à ce moment-là en Australie, explique-t-il dans une interview publiée samedi dans «Le Matin». Là-bas, ils ont même fait une rue au nom de la lampe, Polilight! C'est la police fédérale qui a financé ce projet, réalisé en équipe, je le précise.»
J. Edgar Hoover, directeur du FBI, s'était vu décerner ce prix, attribué cette année pour la première fois à un Européen. «On reconnaît donc aujourd'hui que nos travaux comptent, que nous sommes une référence. J'arrive à la fin de ma carrière, cela ne va rien changer pour moi. Mais cette distinction est importante pour mes collègues et les étudiants», explique ce spécialiste de l'identification, âgé de 64 ans.
«Pas vraiment un enjeu pour nous»
L'Ecole des sciences criminelles se consacre à la recherche, mais aussi à des cas réels sur mandat du juge. «Nous nous intéressons aux vagues de criminalité, aux phénomènes sériels, comme les cambriolages. Des affaires très courantes, mais ce sont celles que l'on résout le moins.»
«Nous analysons les jours, les heures, les régions où elles surviennent. C'est comme ça que l'on s'est rendu compte qu'il y avait des cambriolages massifs durant le passage de l'heure d'hiver à l'heure d'été. Cela a permis d'instaurer des systèmes d'alerte et de prévoir le cambriolage suivant.»
Les meurtres mobilisent moins cette école lausannoise. «Il y en a à peine un par semaine en Suisse. Plus des trois quarts ont lieu au sein du cercle restreint de la famille et des 'amis'. Ces affaires se résolvent pratiquement automatiquement. Si émotionnellement, les meurtres ont un grand impact, ce n'est pas vraiment un enjeu pour nous». (ats)