Canton de VaudSelon Sauver Lavaux, le Dézaley va être «défiguré»
Un projet immobilier comprenant des logements de luxe et une zone commerciale est à l'étude. Il devrait être érigé dans un vignoble protégé, situé sur les rives du Léman.

Le Dézaley est un lieu emblématique notamment chanté par Ramuz.
L'Association Sauver Lavaux monte au front. Selon elle, le Dézaley, vignoble unique au coeur du site classé au patrimoine mondial de l'Unesco, se trouve directement menacé par un projet immobilier spéculatif, un «acte de défiguration volontaire» qui remet en cause la protection de Lavaux.
Le projet est conçu dans le cadre du plan de quartier «Treytorrens Nord», élaboré par la commune de Puidoux (VD). Il est présenté par ses promoteurs – la communauté héréditaire de Jean et Pierre Testuz et le groupe immobilier OrlattiReal Estate – comme une simple opération de «restructuration d'un site vigneron», indique Sauver Lavaux mercredi dans un communiqué.
La réalité est cependant fort différente, s'insurge l'association. Ce projet ne représente pas qu'une menace immobilière parmi d'autres: il s'agit au contraire d'une attaque directe contre un site symbolique, un lieu emblématique notamment chanté par Ramuz, écrit-elle en substance.
Logements de luxe
Des logements de luxe remplaceraient des bâtiments agricoles, de même qu'une zone commerciale qui pourrait comprendre un restaurant et des locaux d'hôtellerie. Les constructions nouvelles en fer à cheval autour de l'ancienne maison vigneronne défigureraient l'endroit pour toujours, s'inquiète le mouvement.
«La belle maison vigneronne des Testuz, entreprise qui a fait faillite il y a quelques années, serait comme une cerise sur un gâteau de béton», image Suzanne Debluë, présidente de Sauver Lavaux, qui parle d'une aberration par rapport à la tradition et d'une véritable brèche dans la protection de Lavaux.
Loi violée
L'association, qui a fait opposition au plan de quartier, a présenté ses arguments mardi devant la Municipalité de Puidoux. Les opposants ont dénoncé «une scandaleuse violation» de la Loi sur le plan de protection de Lavaux (Llavaux), du Règlement communal sur la police des constructions et de la Loi cantonale sur la protection de la nature et des sites.
La Municipalité, elle, se dit «consciente du caractère sensible» du lieu. Mais elle se cache, affirme Sauver Lavaux, derrière un plan de quartier pour justifier l'acceptation du projet, qui paraît jouée d'avance.
Jusqu'au TF
Persuadée qu'il ne s'agit en rien d'une «reconversion du domaine bâti existant», mais de la destruction de l'entier des bâtiments à vocation viticole autour de l'ancienne maison au pur profit d'un projet immobilier, l'association brandit la remise en cause de la volonté populaire exprimée maintes fois.
Afin d'éviter ce qu'elle qualifie de «dangereux précédent», Sauver Lavaux qui craint qu'une deuxième partie de ce vignoble ne subisse le même sort, promet déjà de poursuivre «son légitime combat» jusqu'au Tribunal fédéral, appuyée par l'association Helvetia Nostra. (nxp/ats)