LausanneUne auberge espagnole vaudoise anti-précarité
Une structure d'accueil d'urgence qui ouvrira lundi ne disposera pas de lits. Mais on peut s'y sustenter au chaud, entrer et sortir selon son bon vouloir, gratuitement et sans réservation.
- par
- Abdoulaye Penda Ndiaye

Une nouvelle structure d'accueil destinée aux personnes sans domicile fixe sera ouverte à la rue Saint-Martin 18 à Lausanne dès le lundi 15 janvier. (Photo prétexte)
De l'accueil de nuit dans des conditions d'accueil de jour... Dès le lundi 15 janvier, en partenariat avec la ville de Lausanne, la Fondation Mère Sofia ouvre dans ses locaux de la rue Saint-Martin 18 une nouvelle structure destinée aux personnes sans domicile fixe. Baptisée Le Répit, elle sera gratuite, ne nécessitera pas d'inscription, pourra accueillir 80 personnes mais ne disposera d'aucun lit. «De 23h30 à 7h, du thé, du café et des sandwiches seront servis. Deux collaborateurs vont assurer l'accueil et la sécurité des lieux. Les usagers pourront y entrer et sortir à leur guise», a indiqué jeudi Yan Desarzens, le directeur de la Fondation Mère Sofia.
Par temps de grand froid, la police pourra notamment amener au Répit des SDF recueillis dans la rue.
Phase-pilote jusqu'en avril 2018
La Ville a décaissé 135'000 francs pour assurer le fonctionnement de cette structure dont la phase-pilote va durer jusqu'au printemps 2018. Un bilan sera dressé au cours de l'été prochain pour déterminer la suite à donner à ce partenariat.
Elu responsable de la cohésion sociale à Lausanne, Oscar Tosato estime que Le Répit est un complément à l'offre déjà existante en matière d'hébergement d'urgence. «Nous avons La Marmotte et ses 31 lits, le Sleep-in et ses 26 lits ainsi que l'Abri PC de la Vallée de la Jeunesse qui dispose de 50 lits», a-t-il détaillé.
L'élu a pointé du doigt une précarisation croissante. «Entre 2010 et 2017, le nombre de nuitées dans ces trois structures a augmenté de 60%, passant de 23 000 en 2010 à plus de 36 000 en 2017», a-t-il poursuivi.
«Un acte de solidarité et d'humanité»
Entre décembre 2015 et février 2016, Le Répit avait connu une première vie très éphémère. Le projet avait ensuite été mis en veilleuse par manque de moyens financiers. «Au-delà des chiffres, des cadres et des budgets, un tel type de structure est un acte de solidarité et d'humanité. Et quand il fait froid la nuit, il n'y a que ça qui devrait compter», a déclaré Ada Marra, présidente de la Fondation Mère Sofia.
Majoritairement de Roumanie et du Nigeria
Entre 2010 et 2017, le dispositif lausannois d'aide d'urgence a connu une très nette tendance à la hausse. Les 22'914 nuitées de 2010 ont laissé place aujourd'hui à 36'526 nuitées, soit une augmentation de 60%. Pour la même période, le nombre de repas distribués par la Soupe populaire a connu un bond de 80%: de 45'685 repas, on est passé à 82'657 repas. Depuis le début de l'hiver, les structures d'hébergement ont accueilli 615 usagers différents, dont 80% d'hommes, 13% de femmes et 7% d'enfants. Parmi eux, on compte 259 usagers nouveaux. Environ 35% d'entre eux proviennent de Roumanie, 29% du Nigeria, 4% de France et 5% sont Suisses. Selon l'élu lausannois Oscar Tosato, le tableau de la précarité qui prévaut dans la capitale vaudoise est similaire à celui de la majorité des grandes villes du pays et d'Europe.
En revanche, sur le plan des consultations sanitaires d'urgence des personnes en situation de précarité, les chiffres sont restés stables: il y a eu 2250 cas enregistrés en 2010 à Lausanne et 2343 en 2017.