Oberland bernois: Une cinquantaine d'ados victimes d'un prédateur

Les investigations avaient débuté en août 2011, indique mardi la police cantonale bernoise dans un communiqué. Une personne inconnue s'était annoncée à la police cantonale et avait déclaré qu'elle avait rendez-vous le jour même à 18h avec un homme vraisemblablement pédophile près d'une école située dans l'Oberland bernois.

Les patrouilles dépêchées sur place ont pu constater la présence d'un homme suspect, mais la victime présumée ne s'y trouvait pas. Il a alors fallu retrouver et interroger l'informateur anonyme. A la même époque, la police a reçu un autre témoignage qui a permis de conclure qu'il s'agissait du même auteur. Peu après, le prévenu a pu être appréhendé et mis en détention préventive. L'analyse des données saisies a fait l'objet d'enquêtes globales qui ont permis de retrouver de nombreuses autres victimes.

Il s'est avéré que depuis 2009, l'homme en question se faisait passer pour une jeune fille sur un réseau social. Il cherchait par ce biais à entrer en contact avec des garçons. Il s'ensuivait un dialogue en ligne et il envoyait du matériel photo et vidéo pornographique de la soi-disant fille qu'il s'était vraisemblablement procuré sur internet. Ainsi, il est parvenu à ce que les garçons procèdent à des activités sexuelles devant la caméra, ce qu'il filmait à nouveau.

Quelques-uns des garçons ont été contraints à d'autres activités sexuelles. Dans de nombreux cas, il les menaçait de faire parvenir les images à l'école, au lieu d'apprentissage ou aux parents. A ce jour, la police a pu identifier 44 victimes. Il s'agit de garçons âgés pour la plupart de 15 à 17 ans au moment des faits. Un grand nombre de ces victimes avaient beaucoup de peine à parler des faits lors de l'audition par la police cantonale bernoise.

Le prévenu a déclaré ne jamais avoir remis d'images des victimes à des tiers. Lors des investigations, il s'est avéré qu'il avait également établi un profil différent sous un pseudonyme sur un autre réseau. L'homme, qui a des antécédents judiciaires en la matière, se trouve en exécution anticipée d'une mesure. Il n'assumait pas de fonction pédagogique.

Harcèlement et chantage

En décembre 2012, le ministère public compétent de l'Oberland a porté accusation au Tribunal régional de l'Oberland contre l'homme âgé actuellement de 47 ans et qui reconnaît en partie les faits. Il devra répondre au juge pour harcèlement sexuel (en partie pour tentative) dans 21 cas, pour des activités sexuelles avec des enfants (en partie pour tentative) dans 28 cas, ainsi que pour un cas de chantage et dans 5 cas pour contrainte (en partie pour tentative) ainsi que pour pornographie dans 37 cas.

Ce cas montre de façon exemplaire les nombreux risques de l'utilisation d'internet par des enfants et des adolescents. L'envergure et la durée des activités délictueuses du prévenu sont exceptionnelles. D'autre part, cela montre qu'il doit exister bon nombre de cas de criminalité cachée, relève la police. Toujours est-il que l'homme a pu agir ainsi pendant près de deux ans avant qu'un adolescent ne s'annonce à la police. La plupart des victimes craignaient en effet des représailles.