ItalieUne famille de cachalots observée en Méditerranée, les chercheurs inquiets
Le long de la côte ligure, une équipe de chercheurs a observé jeudi neuf cachalots, dont quelques petits. Mais le comportement de ces cétacés est extrêmement inhabituel.
Les cachalots sont présents dans tous les océans. Pourtant, il est plutôt rare qu’ils se montrent en Méditerranée, surtout à cette période de l’année. L’observation de pas moins de neuf spécimens non loin de Sanremo, dans la mer de Ligurie – qui fait partie de la mer Méditerranée –, est donc d’autant plus étonnante.
La famille de cétacés a été aperçue jeudi par une équipe de chercheurs de l’«Istituto Tethys», institut de recherche à but non lucratif qui soutient la conservation marine, rapporte le quotidien italien «Corriere della Sera». Durant les beaux jours, le bateau Pelagos part ainsi en mer pour observer les baleines et dauphins et collecter des données. Et c’est peu après son départ du rivage que la troupe a fait son apparition. «Il y avait huit ou neuf animaux, dont des bébés baleines, leurs mères et deux adolescents. Même s’ils étaient un peu dispersés, il ne fait aucun doute qu’il s’agissait d’un groupe», expliquent les deux scientifiques Mario Gabualdi et Viola Panigada. Grâce aux microphones sous-marins, ils ont pu entendre leurs chants.
Pour ne pas les déranger, les chercheurs ont tenté de s’éloigner mais un mâle est tout de même resté près du bateau pendant 40 minutes et n’a cessé de percer la surface de l’eau.
Chercheurs inquiets
Aussi émouvante que soit cette observation, elle est à la fois inhabituelle et inquiétante. En effet, ce sont surtout des cachalots mâles isolés qui sont connus pour faire surface près des côtes italiennes. Et cela uniquement à la fin de l’été et non en juin. Selon les chercheurs, la présence de la famille de cachalots est un indice de la bonne santé de la Méditerranée dans cette partie. En même temps, cela laisse supposer que les cachalots ne trouvent plus d’autres régions d’habitat où ils peuvent s’épanouir.
Autre élément alarmant: il manquait un morceau de la nageoire caudale d’un des cétacés femelles. Cela constitue un indice relativement clair d’une collision avec un navire ou d’une prise accidentelle de la baleine dans un filet de pêche. Et le sort subi par ce cachalot n’est pas un cas isolé: 15 à 18% des baleines étudiées par l’équipe de recherche ont subi des blessures de ce type. Mais on ne sait pas combien meurent à la suite de tels accidents. En collaboration avec les gardes-côtes, les chercheurs s’engagent ainsi à mieux protéger les baleines contre les collisions. Actuellement, ils continuent de récolter des données afin de pouvoir les analyser l’hiver prochain.