Massacre à Orlando: Une tuerie sur fond de climat homophobe

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Massacre à OrlandoUne tuerie sur fond de climat homophobe

La pire fusillade du pays, dimanche, dans une disco gay intervient dans un climat anti-gay qui s'accentue dans le pays.

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L'épouse d'Omar Mateen, l'auteur de la tuerie d'Orlando qui a fait 49 morts, a été déclarée non coupable vendredi d'avoir aidé son mari à perpétrer le pire attentat commis aux Etats-Unis depuis le 11-Septembre. (Vendredi 30 mars 2018)

L'épouse d'Omar Mateen, l'auteur de la tuerie d'Orlando qui a fait 49 morts, a été déclarée non coupable vendredi d'avoir aidé son mari à perpétrer le pire attentat commis aux Etats-Unis depuis le 11-Septembre. (Vendredi 30 mars 2018)

AFP
Des visiteurs rendent hommage aux victimes de la boîte de nuit du «Pulse», à Orlando, un an après la tuerie (Lundi 12 juin 2017).

Des visiteurs rendent hommage aux victimes de la boîte de nuit du «Pulse», à Orlando, un an après la tuerie (Lundi 12 juin 2017).

AFP
La cour fédérale d'Oakland, où Noor Salman a comparu et plaidé non coupable de complicité avec son mari. (Mercredi 18 janvier 2017)

La cour fédérale d'Oakland, où Noor Salman a comparu et plaidé non coupable de complicité avec son mari. (Mercredi 18 janvier 2017)

Keystone

Le massacre perpétré dimanche dans une discothèque fréquentée par la communauté gay d'Orlando s'inscrit dans un contexte de mesures anti-homosexuelles croissantes aux Etats-Unis. Le tireur était un Américain d'origine afghane.

Quelques heures après ce carnage en Floride, une centaine de victimes dont la moitié décédée, la police américaine a arrêté James Howell, 20 ans, lourdement armé. Celui-ci qui voulait attaquer la Gay Pride à Los Angeles. Ces deux affaires sont a priori sans lien, mais elles interviennent dans un climat anti-gay aggravé dans le pays, particulièrement notable depuis un an.

Le 26 juin 2015, la Cour suprême à Washington a légalisé le mariage homosexuel, une décision historique obtenue à l'arrachée. Une décision qui est restée en travers de la gorge de millions d'Américains conservateurs.

Ces derniers ont adopté une tactique inspirée de la guérilla qu'ils mènent aussi contre l'avortement. Mettant en avant des grands principes de liberté religieuse, ils ont tenté d'ouvrir de nouvelles brèches en adoptant des législations locales.

Transgenres en ligne de mire

Cette stratégie s'est récemment cristallisée autour des personnes transgenres. Ces dernières représentent une infime partie de la population américaine, mais sont solidement associées au milieu homosexuel par le terme inclusif de LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et trans).

Une douzaine d'Etats, majoritairement dirigés par un gouverneur républicain, poursuivent ainsi en justice le gouvernement de Barack Obama sur la question de savoir quelles toilettes doivent utiliser les personnes transgenres.

Des responsables conservateurs ont martelé ces derniers mois que les directives gouvernementales contre la discrimination des personnes transgenres reviendraient à «introduire des hommes dans les toilettes des filles». Un danger à la réalité contestée par nombre d'associations et d'experts.

«Je ne veux absolument plus jamais entendre que les personnes LGBT dans les toilettes sont une menace pour la sécurité publique», a affirmé dimanche Jeremy Moss, un élu du Michigan et homosexuel revendiqué.

Quelle piste?

Beaucoup de questions restent à éclaircir sur la fusillade qui a endeuillé dans la nuit de samedi à dimanche le «Pulse», night-club gay d'Orlando.

Le tireur identifié, Omar Seddique Mateen, aurait fait allégeance au groupe Etat islamique lors d'un appel au numéro d'urgence 911. Mais, selon des déclarations de son père à la télévision NBC, le suspect avait aussi été rendu furieux en voyant il y a quelque temps deux hommes s'embrasser devant sa femme et son fils.

En réagissant dimanche à cette tragédie, nombre d'élus républicains ont semblé écarter à dessein la piste de la haine contre les homosexuels pour privilégier au contraire celle de l'attentat djihadiste. Sans doute craignaient-ils de se voir accuser d'avoir contribué à un climat délétère anti-homosexuel, ayant favorisé le passage à l'acte d'un déséquilibré.

De tels reproches ont été avancés après un attentat fin novembre 2015 contre un centre de planning familial dans le Colorado. Celui-ci avait suivi une violente controverse suscitée par la diffusion d'une vidéo censée montrer la vente de tissu foetal par des responsables du Planning familial dans la région des Rocheuses.

Pas la première fois

Pour Michelangelo Signorile, militant connu des droits des homosexuels en Amérique, la tuerie d'Orlando est un «rappel des dangers quotidiens encourus par les LGBT».

Le gouverneur-adjoint du Texas, Dan Patrick, fer de lance de la lutte contre les droits des LGBT, a lui tweeté dimanche le psaume de la Bible suivant: «On ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi».

Ce tweet a immédiatement été interprété comme faisant porter aux homosexuels la responsabilité de l'attentat d'Orlando. Face à l'indignation qu'il a déclenchée, M. Patrick l'a rapidement effacé et posté un communiqué de presse expliquant son habitude dominicale de poster des extraits bibliques choisis plusieurs jours à l'avance.

Ce n'est pas la première fois que la communauté homosexuelle est cible de violences aux Etats-Unis. Eric Rudolph, auteur de l'attentat des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996, avait auparavant déposé une bombe dans un bar de lesbiennes de cette même ville, y blessant cinq personnes.

Après le massacre d'Orlando, les autorités ont appelé les habitants à donner leur sang. «En raison du sectarisme ambiant, cet acte est interdit aux hommes homosexuels», a regretté Mike Signorile, en rappelant les règles strictes posées en la matière par l'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA).

(nxp/ats)

Hommages

L'Empire State Building a gardé ses lumières éteintes à New York dimanche soir, en hommage aux victimes du massacre d'Orlando, comme il l'avait déjà fait en novembre pour celles de Paris, et en mars pour celles de Bruxelles. Et l'antenne du One World Trade Center s'est illuminée aux couleurs de l'arc-en-ciel. Le maire Bill de Blasio a annoncé que tous les drapeaux seraient mis en berne dans la plus grande ville américaine, et les mesures de sécurité ont été renforcées par précaution, notamment autour des lieux les plus importants de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bissexuels et trans), a-t-il précisé.

Le massacre d'Orlando (Floride, sud) «n'est pas juste une attaque contre des êtres humains, mais une attaque contre nos valeurs», a-t-il déclaré dans une conférence de presse.

(NewsXpress)

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