Suisse: Uni: les «ghostwriters» ont toujours autant la cote

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SuisseUni: les «ghostwriters» ont toujours autant la cote

Un nombre croissant d'universitaires en Suisse engagent une tierce personne pour qu'elle rédige leurs travaux scientifiques. Consciente du problème, l'Uni de Saint-Gall vient de déposer plainte.

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dia/ofu/dmz/ats

Pas tous les travaux universitaires suisses sont issus de la plume de l'étudiant qui les rend au professeur. C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par l'émission «Rundschau» de la télévision alémanique SRF. Selon la chaîne, au moins 200 universitaires ont payé des tiers l'an dernier pour qu'ils écrivent leurs travaux.

Consciente du problème grandissant, l'université de Saint-Gall a réagi en déposant une plainte pénale. «Notre plainte qui a été déposée dans le courant de l'année écoulée ne vise pas une personne en particulier mais un prestataire commercial de travaux académiques», a expliqué le recteur Lukas Gschwend à SRF. Selon lui, le ministère public devra définir qui est impliqué dans quelles mesures dans ce phénomène appelé «ghostwriting».

Lorsqu'on propose la rédaction de travaux académiques à des tiers, on commet probablement divers délits poursuivis d'office, estime l'alma mater saint-galloise. Jusqu'ici, l'université n'a ouvert aucune procédure disciplinaire pour «ghostwriting».

«Un marché lucratif»

Thomas Nemet fait partie des personnes qui rédigent des travaux pour le compte d'étudiants. Il gère l'entreprise Acad-Write, active en Australie, aux Etats-Unis, en Allemagne ou encore en Suisse alémanique. Aucun service en français n'est pour le moment proposé. Il a confirmé aux enquêteurs de «Rundschau» que la demande ne cesse de croître: «En 2015, nous avons écrit des travaux pour plus 200 étudiants en Suisse.» La firme - qui engage environ 300 personnes appelées «nègres» ou «ghostwriters» - a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de près de 3 millions de francs.

Selon Thomas Nemet, les travaux effectués par ses «nègres» ne sont quasiment jamais détectés. C'est ce qu'il avait assuré à nos collègues de «20 Minuten» fin 2014: «Dans la plupart des universités, les profs ne sont pas capables de reconnaître un étudiant à son style d'écriture.» Il avait alors avancé qu'un travail de master, par exemple, pouvait rapporter jusqu'à 10'000 francs à l'agence. La plupart des demandes proviennent d'étudiants en sciences économiques ou humaines, avait-il souligné.

Michelle Bergadaà, professeure à l'Uni de Genève et experte en matière de plagiat, tire la sonnette d'alarme. Elle pense que près de la moitié des universitaires suisses achètent au moins une fois durant leur parcours une partie de leurs travaux ou se font aider lors de la rédaction. «Environ 10% des étudiants se contentent d'écrire l'introduction, la conclusion et les remerciements. Pour le reste, ils paient des tierces personnes», a-t-elle expliqué à SRF.

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