République dominicaineVers une facile réélection pour le président Medina
Après dépouillement dans plus de la moitié des bureaux de vote, l'actuel président recueillerait près de 62% des voix.

Danilo Medina va probablement remplir un second mandat à la tête du pays.
Le président dominicain Danilo Medina, au pouvoir depuis 2012, se dirigeait lundi vers une facile réélection dès le premier tour, avec 61,99% des voix selon des résultats partiels, dans ce paradis touristique miné par la pauvreté.
Le candidat du Parti de la libération dominicaine (PLD, centre), 64 ans, distançait largement son principal rival Luis Abinader, 48 ans, du Parti révolutionnaire moderne (PRM, social-démocrate), qui totalisait pour l'heure 35,18% des voix, d'après la Commission électorale (JCE). En fin de journée, lundi, le dépouillement avait eu lieu dans un peu plus de la moitié (55%) des bureaux de vote.
«Le contrôle des organes d'Etat, l'administration des ressources sans un parlement qui lui fasse contrepoids, sa politique sociale et la stabilité économique» lui ont été favorables, a déclaré à l'AFP le politologue Rafael Toribio Dominguez.
Vers un score record?
Si l'ampleur de ce score se confirmait, il s'agirait du résultat le plus élevé pour un président dominicain. En 2012, Danilo Medina avait été élu avec 51,2% des voix pour un mandat de quatre ans non renouvelable, mais il a procédé en 2015 à une réforme constitutionnelle autorisant un second mandat consécutif.
Toutefois, une certaine confusion régnait concernant le dépouillement des voix à cause des deux modes de vote: l'un manuel et l'autre électronique.
L'opposition a insisté pour qu'en plus du décompte électronique des votes, un comptage manuel soit effectué, ce qui devrait retarder la publication des résultats définitifs.
Le niveau de participation de ce scrutin, également législatif et municipal, n'avait pas encore été communiqué par les autorités. Quelque 6,7 millions de Dominicains étaient appelés à élire leur président, 32 sénateurs, 190 députés, ainsi que les autorités municipales pour quatre ans.
Gros défis en vue
Selon les analystes, Danilo Medina devra relever plusieurs défis au cours de son très probable second mandat: renforcer les institutions de l'Etat, combattre la délinquance et réduire les inégalités sociales.
La République dominicaine, qui vit essentiellement du tourisme, est une des économies les plus dynamiques du continent américain, avec une croissance de 7% en 2015.
Mais 40% de ses 10,4 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage frôle les 14%, selon les chiffres officiels. L'ONG britannique Oxfam souligne que 20% des plus pauvres ne reçoivent que 5% des richesses du pays, alors que 20% des plus riches profitent de 50% de cette manne.
«Le peu de suspense (ndlr: des élections) illustre ces bons résultats économiques. Mais est-ce que ce bilan économique est réellement inclusif, il y a encore beaucoup de travail à faire», a déclaré à l'AFP Gaspard Estrada, directeur exécutif de l'Opalc, observatoire sur l'Amérique latine de SciencesPo Paris.
Accusations de corruption et abus de biens publics
En face, ses adversaires ont accusé Danilo Medina devant les observateurs internationaux déployés dans le pays d'avoir utilisé des fonds publics pour sa campagne.
Ils dénoncent également les pratiques de corruption des gouvernements du PLD: celui de Danilo Medina et ceux de l'ex-président Leonel Fernandez (1996-2000, 2004-2012), dont l'épouse Margarita Cedeno est l'actuelle vice-présidente.
Se présentant comme «le nouveau visage du changement», Luis Abinader, riche homme d'affaires d'origine libanaise, avait promis une politique de réduction des dépenses publiques et une meilleure qualité de vie pour les Dominicains. (nxp/afp)