Européennes - Grande-Bretagne: Victoire historique pour l'Ukip europhobe

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Européennes - Grande-BretagneVictoire historique pour l'Ukip europhobe

Le parti de Nigel Farage a obtenu aux Européennes un score de 27,5% et un nombre de députés supérieur à ceux des trois partis classiques secoués par le «séisme».

A l'annonce de sa propre réélection dans la région sud-est de l'Angleterre, peu avant 01h00 locale lundi (02h00 heure suisse), le patron de la formation populiste a réitéré sa déclaration de guerre à l'immigration, sa bête noire, et à l'Union européenne dont il veut claquer la porte. «Vous n'avez pas fini d'entendre parler de nous», a déclaré Nigel Farage, à un an des élections législatives.

«L'armée populaire de l'Ukip a parlé ce soir, et a délivré le résultat le plus extraordinaire en 100 ans de vie politique britannique», s'est vanté le dirigeant de 50 ans. Depuis 1906, aucun autre parti que ceux des conservateurs et des travaillistes n'a remporté un scrutin national.

Vers 03h00 (heure suisse), les résultats dans 10 des 12 régions électorales que compte le Royaume-Uni accordaient 23 sièges à l'Ukip, soit 14 de plus que dans le Parlement sortant. Le Labour d'opposition arrivait ensuite avec 25,4% et 18 eurodéputés. Les conservateurs au pouvoir étaient relégués en 3e position à 23,9% des suffrages et 18 eurodéputés.

Pour les libéraux-démocrates europhiles, membres du gouvernement de coalition, le scrutin s'apparente carrément à une débâcle. Ils enregistraient un score misérable de 6,9% et ne conservaient plus qu'un siège de député, après en avoir perdu 9.

De quoi incommoder encore plus le vice-Premier ministre Nick Clegg, déjà confronté à des appels à la démission de la tête de ce parti. Les résultats des deux dernières régions électorales, l'Ecosse et l'Irlande du nord, devaient être connus lundi aux alentours de la mi-journée. Le Royaume-Uni compte 73 députés au parlement européen.

Secousse annonciatrice

L'Ukip a progressé sur l'ensemble du territoire, aux dépens des conservateurs dans le sud et dans les fiefs travaillistes du nord. Il paraissait en voie de décrocher son premier siège en Ecosse où les indépendantistes du SNP devaient maintenir leur représentation au parlement de Strasbourg, à quatre mois d'un référendum d'autodétermination historique.

Le «séisme» promis avait été précédé d'une première secousse lors d'élections locales tenues en même temps que les Européennes jeudi. L'«Uk Independence Party» (Ukip, parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) ayant réalisé à cette occasion une percée dans les conseils municipaux.

L'Ukip apparaît désormais comme un quatrième acteur de poids dans le paysage politique britannique et oblige les autres partis à clarifier sinon radicaliser leurs positions sur l'Europe, dans un pays traditionnellement eurosceptique.

C'est le cas du Premier ministre David Cameron, qui se retrouvera soumis à une pression accrue dans son propre camp, après avoir été contraint à promettre la tenue d'un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE en 2017.

Au parlement européen, l'Ukip a jusqu'ici refusé toute alliance formelle avec le Front national, qui est arrivé en tête en France, avec 25,4% selon des résultats quasi définitifs.

«Nous allons avoir un bon nombre d'eurosceptiques élus au Parlement européen», s'est cependant félicité M. Farage, qui rêve d'une minorité de blocage des anti-UE. «Je ne veux pas seulement que la Grande-Bretagne quitte l'Union européenne, je veux que l'Europe abandonne l'Union européenne», a-t-il lancé dimanche soir. (ats)

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