Journée contre le bruitVoitures, voisins, votre vie est un enfer sonore
Pour nos lecteurs, le trafic routier est de loin la source principale de nuisances. Les efforts se poursuivent pour l’enrayer.

Notre appel à témoignages sur les nuisances sonores a rencontré un franc succès: vous êtes nombreux à nous avoir communiqué quel est le plus insupportable des bruits à vos oreilles. Et les résultats le montrent: il vient surtout de vos congénères.
Sur 167 réponses, seules 15 concernent une source de bruit non humaine, comme par exemple «le renard qui glapit dans la nuit et le grillon qui craquette dans l'herbette» du jardin d’un lecteur vaudois. Mais même dans cette catégorie animale, la majorité des réponses mentionne le chien des voisins (voir encadré).
Bruit routier en temps de Covid
Mais au palmarès de vos remarques, c’est sans conteste le bruit de la route, provoqué par «des mâles en mal de reconnaissance» selon les propos d’une Genevoise, qui rend la vie difficile. Sur les 167 réponses, 61 ne mentionnent que cela.
Et c’est justement la cible de la Journée contre le bruit, qui a lieu ce mercredi, en pleine crise du coronavirus. Sans se réjouir de la situation, dont ils savent qu’elle n’est que passagère, ceux qui luttent contre le bruit ne peuvent s’empêcher de constater qu’un effet secondaire positif «saute aux oreilles», comme le note la Ligue suisse contre le bruit. Les mesures le montrent: par rapport à avant, le bruit routier a baissé de 3 à 6 décibels.
«Est-ce qu’un motard ou un automobiliste qui fait rugir le moteur de son véhicule a davantage de droits qu’une personne qui a besoin de calme ou de sommeil?», se demande son président Peter Ettler. Le but n’est pas d’aller embêter les automobilistes, mais d’agir pour la santé publique.
Santé, économie: on trinque
L’Organisation mondiale de la santé l’a étudié: le bruit qui perturbe notre sommeil a des répercussion sur notre santé. Et pas seulement psychiquement parce que ça nous énerve: le phénomène favorise l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et même le diabète. «Les coûts externes annuels du bruit routier se situaient en 2016 à plus de 2 milliards de francs», note l’Office fédéral de l’environnement. Selon la Confédération, 1 million de Suisses vivent toujours dans une zone exposée à un bruit nuisible pendant la nuit.
La Ligue suisse contre le bruit appelle à la poursuite des efforts menés depuis des années contre le bruit routier. Elle se veut optimiste. «En supposant que la crise actuelle favorise une diminution du trafic des pendulaires et peut-être aussi du trafic des loisirs à long terme, et que le réchauffement climatique nous pousse à réinventer la mobilité, les villes et les agglomérations ont maintenant la chance de devenir vraiment plus calmes et plus vivables, espère Peter Ettler.
Côtés autorités, la répression se fait de plus en plus présente, et les initiative locales se poursuivent. De quoi ravir cet habitant de Carouge (GE), qui estime que «quand fermer les oreilles n'est pas la solution, ne pas fermer les yeux des autorités la serait», Les investissements pour la pose de revêtements phono-absorbants augmentent. La ville de Lausanne est également pionnière et vise à abaisser la vitesse maximale de nuit à 30 km/h sur une grande partie de son territoire. Des mesures qui fonctionnent, selon la Ligue suisse contre le bruit.
Seule solution, la philosophie?
Mais les mesures prennent du temps à se mettre en place. En attendant, pour mieux vivre, il faudra peut-être apprendre à philosopher, à l’instar de notre lectrice Raymonde, de Le Vaud (VD) qui a trouvé la parade: «Tous les bruits sont du domaine de la subjectivité. Essayant d'être objective, j'essaie d'accepter tous les bruits et m'en porte mieux qu'en m’énervant.»
L’enfer des voisins
Les voisins ont une bonne place dans vos remarques. Les bruits de pas lourds, la musique à coin (ou «l’indigence culturelle fenêtres grandes ouvertes»), les portes qui claquent, les enfants surexcités («à côté, un aéroport ferait office de berceuse»)… C’est surtout leur manque de considération pour leur entourage qui vous tue. «Le bruit est devenu un fléau que les gens ignorent depuis leur bulle égoïste, estimant que c’est de leur bon droit d’user de l’espace minimum personnel des autres», estime un habitant de Morges (VD). A noter que notre classement par catégorie n’a rien de scientifique et que le même sondage en été n’aurait pas donné les mêmes résultats: seules 6 personnes sur 167 ont cité les bruit des fêtards dans la rue en rentrant de soirée. Enfin, pour que les ronfleurs puissent dormir tranquille: les ronflements n’ont été mentionnés qu’une seule et unique fois par nos lecteurs.