GenèveZappelli tire la sonnette d'alarme et tance Muller
Le torchon brûle entre le procureur général et le conseiller d'Etat en charge des constructions. Le premier reproche au second de traîner les pieds dans le dossier Justice 2010.
- par
- Didier Tischler

Dans un échange de lettres, Daniel Zapelli (gauche) rappelle ses devoirs à Mark Muller.
Dans neuf mois, une partie de la justice pénale va emménager dans un immeuble loué par l'Etat à Lancy, route de Chancy. Les cellules de détention et le Tribunal de mineurs resteront en Vieille-Ville. Pour Daniel Zappelli, les travaux nécessaires ne seront jamais lancés à temps.
«Le Pouvoir judiciaire attend du Conseil d'Etat qu'il prenne les décisions qui s'imposent. A défaut de quoi, la sécurité sur le périmètre de la Vieille-Ville continuera à ne pas être assurée, les locaux de privation de liberté ne seront pas adaptés à la nouvelle organisation judiciaire, le futur Tribunal des mineurs ne pourra pas fonctionner et les autorités de jugement manqueront de salles d'audience», peut-on notamment lire dans un courrier de Daniel Zappelli envoyé au Conseil d'Etat le 19 mars dernier. Suite à cela, une réunion est programmée le 25 mars entre le Pouvoir judiciaire et une délégation du Conseil d'Etat afin de traiter «des sujets qui revêtent un degré d'urgence certain». La réunion n'aura pas lieu en raison d'un «conflit d'agenda d'un conseiller d'Etat». Problème, les membres de la commission de gestion du pouvoir judiciaire n'en sont informés que quinze minutes plus tard, alors qu'ils patientent devant une porte close. Grosse colère de Daniel Zappelli: «Ce mode de faire est inadmissible et contraire aux règles les plus élémentaires de la courtoisie», écrit au Conseil d'Etat le procureur général le jour même.
Le 29 mars, Mark Muller répond à Daniel Zappelli. S'il n'évoque pas le rendez-vous manqué, le Conseiller d'Etat propose d'«engager une réflexion commune sur ces perspectives à long terme (Réd.: tribunal des mineurs et centre carcéral) et de lancer sans tarder les études nécessaires à leur mise en œuvre».
La goutte d'eau fait-elle déborder le vase? Le lendemain, le procureur général envoie un courrier de trois pages au Conseil d'Etat. Daniel Zappelli y souligne notamment qu'«en 2006, le Grand Conseil avait voté un crédit d'étude de 1,5 million de francs en vue de la modernisation et de la rationalisation des bâtiments du périmètre Vieille-Ville. Cette étude estimait à 13,7 millions de francs le coût des travaux qui devaient être effectués entre 2006 et 2009». Daniel Zappelli rappelle également que tous les besoins et programmes «ont été transmis au Département des constructions depuis longtemps et que les travaux auraient déjà dû commencer». Ajoutant que «le retard n'est en aucun cas imputable au Pouvoir judiciaire».