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Crise en Syrie
29 mars 2011 10:04; Act: 29.03.2011 17:22 Print
Le gouvernement syrien démissionne
Le gouvernement syrien dirigé depuis 2003 par le Premier ministre Mohammad Naji Otri a présenté mardi sa démission au chef de l'Etat Bachar al-Assad, qui l'a acceptée.
«Le président Assad a accepté aujourd'hui la démission du gouvernement de Mohammad Naji Otri et lui a demandé d'expédier les affaires courantes», selon l'agence officielle Sana. Le cabinet, qui comptait outre le premier ministre, 32 ministres et secrétaires d'Etat, était en place depuis 2003. Le dernier remaniement remonte à octobre 2010.
La Syrie est régie par un système présidentiel et le gouvernement applique les directives du chef de l'Etat. La composition du nouveau cabinet devrait être connue d'ici la fin de la semaine.
A la suite du mouvement de contestation de ces derniers jours, sans précédent en Syrie depuis un demi-siècle, le chef de l'Etat doit par ailleurs s'adresser au Parlement mercredi pour présenter une série de mesures figurant parmi les revendications des protestataires, notamment l'abrogation de l'état d'urgence, la libéralisation de la presse et l'instauration du pluralisme politique.
Forêts de drapeaux syriens, des multitudes de portraits du président Assad: une foule a convergé à pied ou transportée en bus sur la place des Sept Fontaines à Damas face à l'imposant bâtiment de la Banque centrale où a été tendu un immense portrait du chef de l'Etat.
Les médias taxés de partialité
«Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout», «Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, Bachar», scandaient les manifestants. Il s'agit des plus importantes manifestations depuis l'arrivée au pouvoir de Bachar al-Assad en 2000, où il avait succédé à son père Hafez qui dirigeait le pays depuis 1970.
Les manifestants s'en sont pris aussi aux médias qu'ils taxent de partialité. «Vous êtes venus pour voir des protestations en Syrie, mais aujourd'hui vous voyez la protestation de la Syrie», a affirmé à une journaliste Rajah, étudiant à l'université de Damas.
Une pancarte dit «Oui aux réformes, non à la dissension confessionnelle». La Syrie est un pays multiconfessionnel et multiethnique avec notamment les sunnites qui sont majoritaires, les alaouites qui tiennent les rênes du pouvoir, les chrétiens et les Kurdes.
La télévision publique a montré des rassemblements identiques dans les principales villes, à l'exception de Lattaquié, principal port de la Syrie, où les autorités avaient demandé de ne pas se rassembler pour des raisons de sécurité.
Nouvelle manifestation à Deraa
Durant le week-end, des hommes armés avaient ouvert le feu sur la population à Lattaquié faisant treize tués parmi les militaires et les civils et 185 blessés. Le régime a accusé les intégristes musulmans, les qualifiant de «bandes armées». Et, mardi, la télévision affichait sur son bandeau déroulant: «Le complot a échoué.»
A Deraa, épicentre de la contestation, 300 personnes ont manifesté mardi contre le pouvoir en scandant «Révolution, révolution», «Oui à la liberté non au confessionnalisme» et «Dieu, la Syrie, la Liberté».
La levée de l'état d'urgence n'aura qu'une portée symbolique si elle ne s'acccompagne pas d'autres réformes importantes, estiment des analystes. «Dans la situation actuelle, il faudrait une réforme radicale de la répartition du pouvoir», selon Faysal Itani de l'institut britannique Exclusive Analysis.
Le premier ministre turc, Tayyip Erdogan, a déclaré lundi avoir trouvé un interlocuteur attentif lorsqu'il a téléphoné au président syrien par deux fois ces derniers jours. «Nous n'avons pas reçu de réponse négative lorsque nous avons invité M. Assad à écouter la voix du peuple», a-t-il dit.
(ats)