Thurgovie«La tête, je ne pouvais pas m’en débarrasser, elle était trop humaine»
Une Ukrainienne de 55 ans est jugée pour le meurtre de sa locataire en octobre 2020. Elle avait découpé le cadavre et jeté les morceaux dans des poubelles avant d’enterrer la tête.
Un procès pour meurtre a débuté ce mercredi au Tribunal de district de Kreuzlingen (TG). Une Ukrainienne de 55 ans est accusée d’avoir assassiné, en octobre 2020, sa locataire alors âgée de 62 ans.
La victime était portée disparue depuis la fin du mois d’octobre. Les opérations de recherches n’avaient rien donné, jusqu’au 5 décembre, date à laquelle un promeneur avait trouvé la tête de la victime enterrée dans une forêt à Egnach (TG). Moins d’une semaine après, l’accusée avait été arrêtée. Elle a reconnu avoir tiré sur sa victime, puis découpé son corps avant de le jeter dans différents conteneurs à Bottighofen (TG) et d’enterrer la tête.
Si l’accusée a commencé par s’excuser pour son acte dès le début de son procès, elle a aussitôt affirmé qu’elle avait dû agir pour sauver sa propre vie. Assurant qu’elle entretenait «des relations presque amicales» avec la victime, l’accusée a expliqué au tribunal que la situation s’était détériorée après que la locataire n’a plus payé le loyer. «Je lui ai dit que je n’avais plus confiance en elle et que nous nous verrions au tribunal», poursuit-elle. La victime l’aurait alors menacée. «Fais attention avec nous, tu ne mourras pas de ton cancer, mais avant», lui aurait-elle répondu. L’emploi du «nous» a effrayé la logeuse, au point qu’elle ne se déplaçait plus sans une arme.
Cadavre découpé
Le jour du meurtre, l’accusée était en train d’étendre du linge dans la buanderie lorsqu’elle aurait senti quelqu’un lui toucher le cou. «J’ai soudain été attaquée par-derrière. On m’a étranglée. J’ai alors eu peur pour ma vie», dit-elle. Prise de panique, elle aurait alors «tiré trois ou quatre fois» sur son assaillante.
J’ai soudain été attaquée par-derrière. On m’a étranglée. J’ai alors eu peur pour ma vie
Quand la juge lui demande si elle voulait tuer sa locataire, l’accusée assure que non. Elle a pourtant complètement déchargé son arme sur la victime et lui a même tiré dans la tête – un geste non volontaire qu’elle explique par son «état de choc».
Elle se serait ensuite servie de couteaux de cuisine, d’outils de jardin et d’une scie pour découper le cadavre. Alors qu’elle s’est débarrassée des morceaux dans des poubelles, elle a enterré la tête. «J’avais l’habitude d’abattre et de vider des animaux en Ukraine. Mais la tête, je ne pouvais pas m’en débarrasser. Elle était trop humaine», explique-t-elle.
Prison et expulsion demandées
Lors de sa plaidoirie, le Ministère public a demandé une peine d’emprisonnement de 18 ans (16 ans et demi pour homicide volontaire et 1 année et demie pour atteinte à la paix des morts) et une expulsion du territoire de 15 ans, car les éléments constitutifs de l’homicide volontaire sont réunis dans les cas présents: la victime était physiquement inférieure à l’accusée et n’était pas armée, et le coup de feu est vu comme une contre-attaque et non comme de la légitime défense. De plus, «le procédé témoigne d’un sang froid» poursuit-il. Le jugement définitif devrait être prononcé vendredi.