La Chaux-de-Fonds (NE)La bonne à tout faire n’était pas victime d’esclavagistes
Une jeune femme accusait un couple de traite d’êtres humains. La Cour ne l’a pas suivie.

Le Tribunal criminel de la Chaux-de-Fonds n’a pas pu se convaincre que la victime présumée ait dû travailler jusqu’à 15 heures par jour pour s’occuper d’un puis de deux enfants, faire la cuisine et le ménage. La cour s’est aussi étonnée que la jeune femme ait attendu 9 mois pour porter plainte, une fois qu’elle avait quitté la maison où elle avait passé les six années précédentes. La plaignante avait pourtant ému l’assistance lorsqu’elle avait lâché: «J’étais comme un robot qui faisait tout ce qu’elle voulait. J’avais l’impression d’être à elle. Je pleurais tous les jours.»
«Les témoins neutres interrogés n’ont pas donné d’élément qui donne à penser à une exploitation. Il n’y a pas eu d’isolement social ni de contrainte. Lorsque la plaignante a voulu partir, elle l’a fait. Le Tribunal comprend le sentiment de la plaignante d’avoir été exploitée, mais on est loin des cas tels que ceux des personnels d’ambassades», a estimé le président Alain Rufener. Au final, seules les charges d’incitation à l’entrée, à la sortie ou au séjour illégaux ont été retenues contre les deux co-prévenus. La femme, marocaine elle aussi, a écopé de 120 jours/amende à 30.-, le mari à 60 jours/amende à 80.-. Les deux peines ont été assorties d’un sursis de deux ans.
Le Ministère Public et l’avocat de la plaignante se réservent le droit de faire appel, une fois qu’ils auront eu la motivation du jugement. «Je suis curieux de voir comment le tribunal a décidé de ne pas retenir la charge d’usure, comment il explique que ma cliente a travaillé pour rien pendant six ans, a réagi Me Bauer.»
L’avis d’une professionnelle pas retenu
Marc Fragnière est un journaliste affecté à la rubrique Régions de 20 minutes depuis janvier 2022.
