GenèveLe chemin de croix des étudiants handicapés à l’Uni
Des ateliers ont montré les difficultés des personnes qui, aveugles ou en fauteuil roulant, fréquentent l’alma mater. Les nombreuses mesures déjà prises restent insuffisantes.
«Les yeux bandés, avec une canne blanche, j’ai mis quatre fois plus de temps à faire le tour d’Uni-Mail, que je connais pourtant comme ma poche. J’avais l’impression qu’il y avait des murs partout et que j’allais tous les prendre. À certains moments, je ne savais plus où j’étais; le sentiment d’insécurité était puissant», décrit Lena. L’étudiante de 19 ans a participé cette semaine à l’un des ateliers d’une campagne de sensibilisation de l'Université de Genève (Unige) pour l’inclusion des personnes en situation de handicap. L’opération devait aussi permettre de faire le point sur les mesures prises par l’institution.
Elles sont déjà nombreuses, mais insuffisantes, même pour des troubles plus légers comme la dyslexie. «Les professeurs pourraient systématiquement nous fournir à l’avance les visuels présentés dans leur cours, illustre Elisa, 24 ans. Lire les power points tout en écoutant l’enseignant et en prenant des notes, c’est très compliqué pour les dyslexiques.»
Travaux complexes
«Il y a des manques importants», concède Niels Dupont, directeur de la sécurité de l’Unige. Mais voilà: l’alma mater compte une soixantaine de bâtiments, de tous types, éparpillés en ville, et souvent anciens. «C’est compliqué. Nous fonctionnons donc par opportunisme, en profitant de rénovations pour effectuer des travaux en matière d’aménagement pour les personnes en situation de handicap. Parfois aussi sur requête directe de ces dernières.»
À ce jour, la signalisation et l’accès aux WC ainsi qu’aux ascenseurs est généralisée. Des places sont réservées dans les auditoires, comme dans les parkings (même si selon plusieurs étudiants, la signalisation fait parfois défaut). L’Unige est aussi équipée d’un dispositif qui relie le système sonore des auditoriums, dont le micro des enseignants, aux appareils auditifs des personnes malentendantes. Pour les troubles tels que la dyslexie, la dyscalculie ou la dysphasie, des aménagements sont prévus (ndlr: le temps imparti est plus long lors des examens).
À la bonne hauteur
Des chantiers sont en cours, comme le remplacement du texte de certains panneaux par des pictogrammes, tels que ceux qui indiquent l’emplacement des extincteurs et des sorties de secours. «Nous allons aussi repositionner certains équipements de sécurité, ajoute Niels Dupont. Je pense aux défibrillateurs, aujourd’hui difficiles d’accès pour quelqu’un en fauteuil roulant.» Afin que ces mêmes personnes bénéficient d’un confort amélioré pour brancher leur matériel, l’alma mater devrait petit à petit adapter l’emplacement et la hauteur de certaines prises électriques dans les auditoires.
Par ailleurs, la construction d’ascenseurs du sous-sol jusqu’au dernier étage, dans les bâtiments les plus anciens, ainsi que la pose de rampes mobiles et de plateformes motrices le long des escaliers «devront être développées, signale le chef de la sécurité de l’Unige. Accessibilité et sécurité sont nos priorités.»
Des diplômes en braille pourraient aussi voir le jour. Enfin, l’Université de Genève et celle de Fribourg collaborent au développement de leur site web: elles travaillent au langage FALC (facile à lire et à comprendre) pour la mise en ligne d’informations pratiques. Au-delà du choix des mots qui vise à améliorer l’expérience utilisateur, en jouant aussi sur les contrastes et les couleurs, le site devrait être mieux adapté aux malvoyants.
Des centaines de cas
David Ramseyer (dra) a intégré la rubrique Genève de 20 minutes en 2014. Il traite notamment de sécurité et de développement durable.
