Genève / Suisse: Paysans ulcérés d’être forcés à limiter la production

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Genève / SuissePaysans ulcérés d’être forcés à limiter la production

Le Conseil fédéral veut affecter plus de terres à la biodiversité. Les agriculteurs jugent grave d’importer ce qu’il est possible de cultiver localement.

Les paysans parlent de tonnes de blé perdues, Berne défend le non-épuisement des sols.
Les paysans parlent de tonnes de blé perdues, Berne défend le non-épuisement des sols.VQH

«Incompréhensible!» Les paysans genevois tempêtent contre la décision du Conseil fédéral, prise mi-avril, d’imposer à la branche de ne pas cultiver 3,5% de leurs terres arables pour les rendre à la biodiversité. Alors que le conflit ukrainien fait craindre une crise céréalière mondiale et que l’alimentation locale est louée, ils jugent absurde de limiter la production indigène. Nonante viennent d’écrire leur dépit au conseiller fédéral Guy Parmelin.

«Éthiquement inadmissible»

Au bout du lac, 3,5% des terres correspondent à 2000 tonnes de blé par an, illustre François Erard, directeur d’AgriGenève. «Au niveau national, l’Union suisse des paysans (USP) a calculé que 10’000 ha sont concernés, soit 60’000 tonnes de blé. On va donc acheter des céréales à grand prix sur les marchés internationaux, alors que des pays pauvres peinent à se fournir. C’est éthiquement inadmissible, alors que le rôle premier de l’agriculture est de fournir une alimentation de qualité à la population locale.» L’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), lui, parle de seulement 5000 ha soustraits à la production. Et les agriculteurs ne mettront bien sûr pas que des champs de blé en jachère.

«Avoir une agriculture durable»

La mesure heurte néanmoins toute la profession. «C’est un non-sens», peste Loïc Bardet, directeur de la faîtière romande Agora. Florie Marion, porte-parole de l’OFAG, tempère: l’entrée en vigueur a été fixée à 2024, justement en raison de la guerre. Et «le but est d’avoir une agriculture durable. Cela prend du temps et passe par le maintien de la biodiversité.» L’idée étant qu’en n’épuisant pas les sols, la capacité productive est maintenue à long terme. «C’est possible, mais difficile à évaluer», juge Loïc Bardet.

Faucher tôt nuit à la biodiversité

Jérôme Faas (jef), chef de la rubrique genevoise, est journaliste à 20 minutes depuis 2012. Il navigue entre judiciaire, fait divers, économie et politique.

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