VaudDes lacunes révélées dans la formation des futurs enseignants
La Cour des comptes demande une meilleure collaboration entre la Haute école pédagogique (HEP) et le Canton pour améliorer la qualité de la formation pratique des étudiants.

La Cour des comptes s’est intéressée aux stages effectués dans les écoles vaudoises par les futurs enseignants formés à la Haute école pédagogique vaudoise. Cet organe dédié à contrôler l’utilisation de l’argent public a constaté plusieurs manquements.
Inégalités et congés non justifiés
L’audit a notamment identifié «des inégalités de traitement dans les expériences de stage et les évaluations des stagiaires». Ce qui se traduit par «des différences dans la forme, le contenu et la fréquence des échanges» entre les enseignants-formateurs et les stagiaires. La Cour a également constaté qu’en réponse à la pression démographique, le nombre d’années d’expérience requis pour assumer le rôle de PraFos a été sensiblement revu à la baisse. De dix ans minimum, on est passé à trois ans. La gestion et l’affectation du personnel laissent parfois à désirer.
«Parfois, les agendas ne matchent pas. Et on se retrouve avec un enseignant-formateur qui n’encadre qu’un stagiaire, voire aucun, au lieu de deux»
Pour des raisons diverses, il arrive que le calendrier des stages soit chamboulé. «Parfois, les agendas ne matchent pas. Et on se retrouve avec des PraFos qui n’encadrent qu’un stagiaire ou aucun au lieu de deux», analyse Nathalie Jaquerod. Ces formateurs sont alors «sous-employés» mais payés normalement, ce qui entraîne «une perte financière qui n’est pas mesurée de façon régulière et fiable», décrie la Cour des comptes dans son rapport.
Enseignants-formateurs entre deux hiérarchies
Inégalités de traitement
La Cour des comptes a émis quatre recommandations à l’intention de l’Etat et quinze à la HEP. Cette dernière, estime l’audit, doit reprendre en main le leadership de la formation pratique, «même si les stages n’ont pas lieu dans ses murs». Elle doit donc préciser le contenu des stages, pour faciliter la compréhension et l’apprentissage des étudiants. L’organe dédié à contrôler l’utilisation de l’argent public estime qu’il est possible que «des stages soient validés alors que les stagiaires n’ont pas le niveau requis». Un risque amplifié par «l’absence de formalisation de la gestion de conflits d’intérêts dans le cadre des stages».
Une nouvelle organisation a été préconisée. Des référents devront accompagner les PraFos et servir de relais avec la HEP. Le rapport recommande également au canton de Vaud de rendre obligatoire la formation continue des enseignants-formateurs, comme c’est déjà le cas dans plusieurs autres cantons.
La HEP «forme bien»
Toutefois, l’audit de performance de la formation pratique des futurs enseignants vaudois constate que la HEP «forme bien et a développé des processus de qualité dans une démarche d’amélioration continue». Dans un communiqué, l’Etat de Vaud et la HEP déclarent que «les points soulignés vont pour la plupart dans le sens de pistes d’amélioration en cours d’élaboration ou de déploiement».
L’organe de contrôle de l’utilisation des fonds publics précise que l’audit, dont les résultats ont été dévoilés mercredi, n’a pas eu lieu en raison de signalements. «Pour garantir un bon niveau d’instruction aux 93’000 élèves vaudois de l’école obligatoire, la formation initiale des futurs enseignants est cruciale pour un niveau d’instruction de qualité», a justifié la Cour des comptes.