Féminicide à GenèveLe petit-ami violent condamné à 13 ans de prison
Un Genevois de 25 ans accusé d’avoir tué sa compagne avec un couteau en 2019 a été jugé coupable d’assassinat, vendredi. Il a annoncé qu’il ferait appel.

«Le Tribunal n’a aucun doute que le prévenu est l’auteur du coup de couteau.» L’annonce a eu l’effet d’une bombe vendredi, à la lecture du verdict. Jugé depuis lundi, un Genevois de 25 ans, accusé du meurtre de sa compagne en 2019 (lire encadré), a été reconnu coupable d’assassinat et condamné à 13 ans de prison. Me Robert Assaël, avocat de la défense, a d’ores et déjà indiqué que son client ferait appel.
Le Tribunal ne croit pas au suicide
La jalousie, la possessivité, la violence, la colère, les menaces, le comportement du prévenu le jour du drame, la peur de la victime de rentrer avec lui ce soir-là, le message à son père indiquant qu’il allait mettre fin à ses jours, l’exécution du plan qu’il avait annoncé. Tous ces éléments ont fini de convaincre les juges de la culpabilité du jeune homme. «Le prévenu était hors de lui. Il sentait que la victime lui échappait et qu’il n’avait plus le contrôle sur elle», a souligné la présidente du Tribunal. Alessandra Armati a écarté la thèse du suicide, soutenue par l’accusé. Selon lui, sa compagne se serait elle-même planté le couteau dans le cœur. «La victime n’était pas du tout dans une optique suicidaire.» Bien au contraire, elle avait prévu de le quitter et de refaire sa vie avec son nouvel amoureux.
«Il la laisse agoniser»
Les déclarations du Genevois qualifiées de confuses, fantaisistes, incohérentes, contradictoires et peu crédibles, «doivent être appréciées avec une grande parcimonie», ont relevé les juges face à un prévenu qui a fréquemment changé de version et «n’était pas en mesure de donner des informations précises sur certains faits, comme l’acte prétendument suicidaire de sa compagne».
Les circonstances aggravantes de l’assassinat ont été retenues notamment en raison du mobile «particulièrement odieux car parfaitement futile. Il a préféré la tuer plutôt que de la voir partir avec un autre homme». Son attitude après le drame a également pesé dans la balance. «Il a quitté les lieux, laissant la victime agoniser. «Ce n’est pas le comportement de quelqu’un qui cherche à sauver celle qu’il aime. Cela démontre un sang froid, une maîtrise de la situation et un total mépris pour la jeune femme», a affirmé la présidente du Tribunal.
Absence de remords
Aucune circonstance atténuante n’a été retenue, car «sa situation personnelle au moment des faits et son parcours de vie – il a reçu une bonne éducation, est soutenu par une famille très soudée et a eu une enfance heureuse – ne permettent pas d’expliquer son acte». Enfin, «la collaboration inexistante du prévenu qui persiste à contester les faits et son absence de remords démontrent qu’il n’a pas saisi la gravité de ses actes», a observé Alessandra Armati.
Le Genevois était également accusé pour menaces, lésions corporelles simples – il a frappé et étranglé la victime durant leur relation – et voies de fait à réitérées reprises. Il a été jugé coupable pour l’ensemble des chefs d’accusation, sauf pour un cas de lésions corporelles simples.
Le Tribunal a condamné le jeune homme à une peine privative de liberté de 13 ans, dont 820 jours de détention déjà effectués, seront déduits. Il écope également d’une amende de 1000 francs et devra verser 190’000 francs à la famille de la victime à titre de réparation pour tort moral. La famille du prévenu, également présente lors du jugement, a accueilli la nouvelle en pleurs.
Il l’a tuée parce qu’elle l’a quitté
Un couple tourmenté
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Leïla Hussein (lhu) est journaliste au 20 minutes depuis 2019. Après un passage à la rubrique web, elle a intégré la rubrique Genève en octobre 2020.
