Obligée de s’endetter parce que ses enfants vont à l’école

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Châtel-Saint-Denis (FR)Obligée de s’endetter parce que ses enfants vont à l’école

L’école obligatoire est censée être gratuite. Mais les frais de cantine peuvent mettre à mal l’économie d’une famille.

Pour certains élèves du CO, impossible de rentrer à midi.
Pour certains élèves du CO, impossible de rentrer à midi.XFZ

Véronique* élève seule ses trois enfants. Malgré un travail à temps partiel dans un hôpital, elle peine à joindre les deux bouts. Dès la rentrée prochaine, elle n’y arrivera toutefois plus à cause de… l’école! Âgé de 12 ans, son deuxième fils rejoindra l’aîné (14 ans) au Cycle d’orientation (CO) de la Veveyse, à Châtel-Saint-Denis. Et elle n’a d’autre choix que de les inscrire tous les deux à la cantine scolaire. Cela lui coûtera au minimum 8,80 francs par jour et par enfant, soit près de 3500 francs pour l’année scolaire. «C’est l’équivalent d’un mois de salaire», déplore-t-elle. Et il n’existe aucune aide spécifique pour faire face à cette dépense.

Pique-nique interdit

Le fait est qu’elle habite un petit village excentré et mal desservi par les transports publics. Il n’est donc techniquement pas possible pour les ados de cette localité, qui fréquentent le CO, de rentrer à la maison le midi. De plus, il est interdit de pique-niquer dans l’enceinte scolaire. François Genoud, préfet de la Veveyse et président de l’association intercommunale pour le CO, confirme: «Par manque de place, nous ne pouvons pas consacrer une salle aux pique-niques. Et on ne peut pas non plus laisser les enfants manger avec ceux qui fréquentent la cantine, pour une question de logistique et de répartition des coûts. Notamment pour l’entretien et le nettoyage, qui incombent à l’entreprise qui gère les repas.»

«C’est un véritable scandale!»

Véronique se bat depuis des mois pour trouver une solution, sans succès. «J’ai un sentiment d’impuissance et d’injustice. Sur le principe, l’école obligatoire doit être gratuite. Mais on m’oblige à m’endetter ou à demander la charité alors que je travaille. Et quand je demande des explications, soit on ne me répond pas, soit on me dit qu’on ne peut rien y faire», s’insurge-t-elle. Isabelle Colliard, la présidente de la Fédération des associations des parents d’élèves du canton de Fribourg, s’insurge contre cette situation. «C’est un véritable scandale! À Morat ou Romont, dans de telles situations, les enfants sont autorisés à pique-niquer. Il n’y a qu’en Veveyse et en Gruyère où cela est, soi-disant, impossible.»

Même son de cloche du côté de Samuel Rohrbach, président du Syndicat des enseignants romands: «Ce qui à mon sens pose problème n’est pas le fait de devoir manger à l’école, mais l’interdiction du pique-nique. Dans beaucoup d’établissements, des micro-ondes sont mis à disposition. Au-delà de ce cas fribourgeois, je n’ai pas connaissance d’une situation similaire ailleurs en Suisse romande.»

*Prénom d’emprunt

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Xavier Fernandez (XFZ) est journaliste pour la rubrique Suisse/Régions de 20 minutes depuis 2018. Il aime le journalisme local, le terrain et la proximité avec les lecteurs.

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