SantéTourette: cet énigmatique tic qui frappe les... tiktokeuses
Une spécialiste du CHUV décrypte un nouveau type de tic qui ressemble au syndrome de Gilles de la Tourette et qui touche surtout des filles de 14-15 ans, actives sur les réseaux sociaux.

Sifflements en classe, gestes obscènes et mots grossiers en public… Tatiana*, une Vaudoise de 14 ans, a longtemps suscité incompréhension et indignation autour d’elle. «Je culpabilisais beaucoup. Jusqu’au moment où le Syndrome Gilles de la Tourette (SGT) lui a été diagnostiqué», témoigne la maman de l’ado.
Quelque 130 spécialistes se sont retrouvés à Lausanne lors du 14e congrès de la Société européenne d’étude du syndrome Gilles de la Tourette. Parmi les nombreux thèmes abordés lors de ces assises qui ont eu lieu sous la présidence de la prof. Kerstin von Plessen, cheffe du Service universitaire de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et du Département de psychiatrie du CHUV, il y a notamment un nouveau type de tic fonctionnel qui interpelle la communauté scientifique. «La découverte a été faite dans plusieurs pays lors de consultations spéciales: il y a eu pendant la pandémie une nouvelle manifestation des tics chez des adolescentes de 14 à 15 ans souvent présentes sur sur les réseaux sociaux», souligne la la psychiatre de l’enfant et de l’adolescent. «Des comportements complexes de type tic moteur et vocal ont été constatés pendant la pandémie, entre 2020 et 2021. On a eu quelques cas en Suisse», relève la spécialiste, qui souligne qu’une des manifestations de ces tics complexes est «l’utilisation involontaire de gros mots». «J’ai vu sur Tik Tok des vidéos de filles avec des tics. Mais je ne sais pas si c’est volontaire», témoigne Tatiana.
D’après la Prof Kerstin von Plessen, cette nouvelle manifestation de trouble chez les adolescentes pendant la crise sanitaire peut s’expliquer par «l’anxiété élevée et la détresse constatées chez des adolescents pendant la pandémie».
Ce phénomène interpelle les spécialistes car jusqu’ici le syndrome était principalement manifesté chez des garçons entre 3 et 8 ans.
La Prof Kerstin von Plessen se veut toutefois prudente par rapport à ces tics relativement nouveaux. «Les données traitées aujourd’hui datent de 2020 et 2021. C’est une situation transitoire et nous manquons de recul. Il nous faut suivre les prochaines années», analyse-t-elle.
* Prénom d’emprunt
De Paris à Cery