Prison pour les 28 haineux qui avaient ciblé Magali Berdah

Publié

FrancePrison pour les 28 haineux qui avaient ciblé Magali Berdah

Le procès des auteurs du «cyberharcèlement en meute» de la célèbre ex-influenceuse s'est conclu par la condamnation, mardi, de tous les prévenus.

Magali Berdah a salué un jugement qui reconnaît que ce qu'elle a «subi est grave».
Magali Berdah a salué un jugement qui reconnaît que ce qu'elle a «subi est grave».AFP

Les 28 auteurs du «lynchage médiatique» qui avait visé Magali Berdah ont été condamnés mardi à des peines de prison pour cyberharcèlement en «meute».

«Sale chienne», «arnaqueuse», «tu mérites d’être décapitée et lapidée»: certains messages envoyés à l’ex-«reine des influenceurs», mise en cause par le rappeur Booba, comportaient des menaces de mort ou avaient un caractère sexiste ou antisémite.

Dans cette affaire d’ampleur inédite – la plus importante procédure jugée jusque là pour cyberharcèlement devant la justice française – ces 28 personnes, âgées de 20 à 49 ans et résidant dans toute la France, étaient poursuivies pour des messages haineux ou injurieux envoyés à Magali Berdah sur les réseaux sociaux.

Amendes et indemnités pour tort moral

Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu l’ensemble des prévenus coupables et leur a infligé des peines allant de 4 à 18 mois de prison, assorties de sursis dans la moitié des cas. Parmi les peines les plus sévères, on trouve une condamnation à 18 mois d’emprisonnement, dont 6 mois ferme, et une autre à 1 an ferme.

Les prévenus ont par ailleurs été condamnés à des amendes allant de 300 à 700 euros, et à suivre un stage de citoyenneté. Il leur est interdit, pendant deux ans, d’entrer en contact avec la victime, y compris sur les réseaux sociaux. Et ils devront verser solidairement 54'000 euros à Magali Berdah, au titre de préjudice moral.

«Reconnue comme victime»

Il a été «démontré» qu’au moment des faits, chacun «a eu connaissance du cyberharcèlement subi par la victime et a fait le choix de s’inscrire sciemment dans celui-ci», a estimé le tribunal. Les juges ont rappelé dans leur décision les «répercussions réelles» de ce phénomène pour la santé mentale de la victime – qui avait confié à la barre avoir été «à deux doigts de (se) jeter par la fenêtre».

«La leçon à retenir, c’est que personne n’est protégé derrière son clavier», s’est félicité Me David-Olivier Kaminski, qui défendait Magali Berdah avec Mes Antonin Gravelin-Rodriguez et Rachel-Flore Pardo.

«Enfin, on me reconnaît comme victime, on déclare que ce que j’ai subi est grave», a commenté de son côté l'influenceuse. «Ma vie a été détruite pendant deux ans à cause de ça, donc (ce jugement) est une belle victoire», a-t-elle ajouté.

Booba «en chef de meute»

La plupart des prévenus ont expliqué avoir voulu mettre en cause Magali Berdah pour les supposées pratiques commerciales trompeuses de sa société, Shauna Events, qui met en relation influenceurs et marques.

Presque tous ont évoqué le rôle dans cette controverse du rappeur Booba. Celui-ci s’est lancé en 2022 dans une croisade contre la victime et contre ceux qu’il appelle les «influvoleurs», qu’il accuse de multiples arnaques visant les internautes.

Booba est lui-même mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour harcèlement moral aggravé.  Mais il n’était pas concerné par la décision rendue mardi. Ce qui n’a pas empêché le tribunal de relever que les faits jugés découlaient de ses publications, dont «les prévenus avaient parfaitement connaissance».

En décembre sur France 2, Booba avait rejeté toute responsabilité dans les faits reprochés aux 28 prévenus, réfutant avoir été le chef d’une «meute». Toutefois, pour Me Kaminski, la justice l’a bien «identifié» comme tel, comme celui qui a «déclenché toute cette haine». «Il aura son heure judiciaire, elle viendra», a-t-il ajouté.

Magali Berdah aussi dans le viseur de la justice

Magali Berdah doit par ailleurs être elle-même jugée en septembre à Nice pour banqueroute et blanchiment, pour des faits antérieurs à la création de sa société Shauna Events, tandis que cette agence fait l’objet d’une enquête préliminaire à Paris, notamment pour escroquerie.

Quoi qu’il en soit, «rien ne saurait justifier le cyberharcèlement, et certainement pas le comportement de la personne qui en est la cible», a commenté Me Pardo, pour qui la décision de mardi marque «un tournant dans la lutte» contre ce phénomène.

(afp)

Ton opinion

615
0
33
Marquer