Attaqué par une buse«Je ne l’ai pas entendue venir: ses serres et son bec ne m’ont pas raté»
Un joggeur a été attaqué par un rapace, mercredi matin. Ce genre d’incident semble de moins en moins rare depuis la pandémie, la pression mise par les promeneurs sur la faune sauvage étant toujours plus forte.
«J’ai mal dormi cette nuit. J’ai toujours mal à la tête et la blessure à l’occiput appuie pile sur l’oreiller…» Bertrand n’est pas près d’oublier cette sortie jogging, mercredi matin, dans les bois du Mont-Vully (FR). «J’étais en train de longer la forêt après le village de Joressens, lorsque j’ai senti quelque chose se planter dans mon crâne, raconte-t-il. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait: c’était une buse, et elle ne m’a pas raté. Le bruit était impressionnant, comme quand on écrase une canette en alu. Ça m’a sincèrement fait peur! Je me suis enfui avec les bras sur la tête, mais elle est revenue à la charge encore deux fois.»
Après avoir repris ses esprits, Bertrand a touché son crâne et senti une bosse. «Je me suis dit que c’était son bec qui avait dû taper. Mais quand j’ai regardé ma main, elle était pleine de sang.» Résultat: les serres de l’oiseau ont laissé six trous dans son cuir chevelu. Et le bec a causé une bosse juste au-dessus.
Pression accrue sur la faune
La mésaventure de Bertrand n’est pas inédite. Chaque fin de printemps correspond à la période d’apprentissage du vol pour des espèces d’oiseaux comme les corneilles ou les buses. «Lorsque les jeunes volent mal ou traînent un peu trop longtemps au sol, les parents deviennent très protecteurs, et donc agressifs, explique l’ornithologue Lionel Maumary. Ça ne dure en général que quelque jours, peut-être une semaine. Il vaut mieux éviter la zone… Et se protéger les yeux! Mais croiser le regard de l’oiseau permet d’éviter de nouvelles attaques, il vaut donc mieux lui faire face que de fuir.»
Alors que l’on décrivait ce genre d’attaques comme rares ces dernières années, les signalements se font de plus en plus fréquents, comme il y a un mois à Genève, l’an dernier à Morges, ou l’année d’avant à Saint-Aubin. «Il est possible que la fréquentation toujours plus haute des chemins en forêt, liée à l’arrivée de la pandémie, ait un impact. La faune sauvage est toujours plus sous pression», explique le spécialiste. Il précise que ce sont principalement les buses et les corneilles qui agissent de la sorte, ainsi que les chouettes hulottes, mais leur mode de vie nocturne évite la plupart des confrontations avec les humains.
«Je ne vais pas arrêter de courir en campagne»
Bertrand s’est rendu à l’hôpital pour faire désinfecter ses plaies. «Je crois que je leur ai fait leur journée, rigole-t-il. Ils m’ont quand même demandé si j’avais le rappel du vaccin contre le tétanos, et ont tout bien désinfecté à la seringue. Mais je dois quand même surveiller.»
Après un post Facebook, plusieurs amis de la région lui ont signalé des mésaventures similaires pile à cet endroit. «Je pense que j’éviterai la zone à l’avenir, à cette période de l’année, précise Bertrand. Mais je vais continuer à courir à la campagne. On a une chance folle dans ce pays, je ne vais pas m’en priver!»
Pauline Rumpf (rmf) est journaliste et a travaillé à 20 minutes aux rubriques Suisse/Régions de 2017 à 2025 chez 20 minutes.
